Burundi : RSF "surpris" que le directeur du journal Iwacu soit convoqué
Droits de l'Homme

Reporters sans frontières, 16.11.2015

BURUNDI - Communiqué de presse

Six mois après les faits, le directeur d’Iwacu auditionné par la justice sur la tentative de putsch

Antoine Kaburahe, le directeur d’Iwacu, dernier média indépendant à paraître au Burundi, a été convoqué lundi 16 novembre par le procureur dans le cadre de l’instruction sur la tentative de putsch de mai 2015. Il demeure à la disposition de la justice

Le directeur du journal burundais, Iwacu, dernier média indépendant du Burundi, a été convoqué par le parquet ce lundi matin et auditionné pendant deux heures. Plusieurs représentants des ambassades occidentales l’ont accompagné jusqu’au bureau du procureur.

Interrogé par RSF, son avocat explique qu’il a été entendu dans le cadre de l’instruction sur la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015. "M. Kaburahe est aujourd’hui libre, il lui a été demandé de rester à la disposition de la justice", précise Maître Lambert Nsabimana.

"Nous sommes surpris qu’Antoine Kaburahe soit convoqué et auditionné plus de six mois après les évènements de mai 2015, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Nous espérons que ceci n’est pas une mesure d’intimidation. Il est important que la justice burundaise ne fasse pas l’amalgame entre les militaires qui ont intenté un putsch et la société civile burundaise, dont font partie les médias, qui a légitimement le droit de parler et d’informer leurs concitoyens sur ce qui se passe dans le pays".

D’autres journalistes ont également été convoqués par la justice dans le cadre de l’enquête sur le coup d’Etat, le dossier 697.

Le 1er juillet, le directeur de radio-télé RenaissanceInnocent Muhozi, avait passé cinq heures dans le bureau du procureur. Selon une interview donnée au journal Iwacu à sa sortie de l’audition, les questions avaient porté sur les liens entre les médias et le putsch, notamment sur les radios ayant diffusé le message des putschistes. D’autres directeurs de médias ont également été concernés par l’instruction, notamment ceux de Radio Isanganiro et Radio Bonesha.

Le journal Iwacu, qui tire à 3000 exemplaires chaque semaine, est le seul média indépendant à continuer pleinement son activité depuis le Burundi. La rédaction poursuit au quotidien son travail d’information via une newsletter et une web télé.

Près de 90 journalistes et collaborateurs des médias sont partis en exil depuis le début de la crise au Burundi et la fermeture forcée des radios le 14 mai 2015.

Le Burundi occupe aujourd’hui la 145e place sur 180 au Classement 2015 de Reporters sans frontières.