Pétition pour la suspension du Burundi à la fois de l’EAC et de l’UA
Droits de l'Homme

@rib News, 20/11/2015 - Source Pan African Lawyers Union

Les organisations de la société civile (OSC) déposent à l’EALA une pétition relative à la situation qui prévaut au Burundi.

Communiqué de presse - Lundi 16 novembre 2015

Arusha, Tanzanie - Six organisations, enregistrées dans les États partenaires de la Communauté est-africaine (EAC), ont déposé une pétition des citoyens devant l’Honorable  Dan F. Kidega, président de l’Assemblée législative de l’Afrique de l’Est (EALA),  demandant une action urgente, décisive et plus ciblée et une intervention rapide sur la détérioration de la situation humanitaire et politique et des droits de l’homme au Burundi. [Photo : les représentants des OSC ont remis à pétition au président de l’EALA, Dan F. Kidega, (4éme à p de la gauche)]

Les six organisations sont :

  1. Atrocities Watch Africa ;
  2. Centre  pour la Participation des citoyens au sein de l’Union africaine  (CCPAU) ;
  3. Forum des organisations de la société civile de l’Afrique de l’Est/ East African Civil Society Organizations’ Forum (EACSOF);
  4. East Africa Law Society (EALS)/Ordre des avocats de l’Afrique de l’Est ;
  5. Kituo cha Katiba – The Eastern Africa Centre for Constitutional Development/Centre de développement constitutionnel de l’Afrique de l’Est ;
  6. Union panafricaine des avocats (UPA/PALU).

Dans leur pétition, les organisations font remarquer que les organes «exécutif» et « judiciaire » de l’EAC ont déjà pris des positions par rapport aux  différents aspects de la crise que traverse  le Burundi, mais que jusqu’à ce jour aucune de leurs actions n’a réglé ou même sensiblement amélioré une crise qui s’aggrave  rapidement. Ils exhortent l’EALA, qui est le troisième organe majeur de l’EAC, à prendre d’urgence des mesures volontaires et pratiques qui mettront un terme à la période la plus violente que connait le Burundi depuis le génocide du milieu des années 1990. L’EALA est priée de prendre l’initiative et user de  son mandat pour arrêter les exécutions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les violations massives des droits de l’homme  et des droits des peuples, notamment la répression de l’opposition politique et des défenseurs  des droits de l’homme. Cela a conduit à une  crise croissante de  réfugiés dans la région Afrique de l’Est, poussant des centaines de milliers de Burundais, la plupart, des femmes et des enfants, à fuir la capitale et ses environs. La crise a dégénéré principalement à cause  de la militarisation d’une impasse qui était initialement une question politique. Si cette crise n’est pas arrêtée, elle risque de se métastaser  en génocide.

Dans leur pétition, les OSC demandent :

  1. La condamnation explicite des assassinats, des exécutions extrajudiciaires et arbitraires ; l’utilisation  d’un langage d’incitations et incendiaire ; et l’utilisation excessive de la force par la police, les agents de sécurité et les Imbonerakure (la milice associée au parti politique au pouvoir CNDD-FDD) ;
  2. Que l’EALA organise une audience publique, dans un endroit sûr, qui  permettrait aux citoyens  du Burundi et de l’Afrique de l’Est de témoigner des événements qui se passent au Burundi, et de formuler des propositions en vue de mettre fin à cette crise ;
  3. Que l’EALA effectue une mission d’enquête urgente au Burundi ;
  4. Que l’EALA dise sans équivoque au Sommet de l’EAC (des chefs d’État et de gouvernement) que la République du Burundi ne peut pas assumer et n’assumera pas la présidence tournante du Sommet de la Communauté est-africaine, jusqu’à l’arrêt de la crise humanitaire et politique et des droits de l’homme qui sévit  dans le pays ;
  5. Que l’EALA demande à l’Union africaine (UA) un leadership solide dans  son intervention et médiation dans la crise humanitaire et politique et  la crise des droits de l’homme au Burundi, en particulier parce que l’UA dispose d’un cadre juridique et institutionnel plus complet et d’une plus grande portée d’intervention que l’EAC actuellement ;
  6. En particulier, que l’EALA invite le président de l’Assemblée des Chefs d’État et de gouvernement de l’UA à prendre des mesures concrètes en vue d’empêcher le Burundi de sombrer dans le génocide ou dans des atrocités de masse, y compris :

a.    l’activation du régime de sanctions de l’Union africaine (UA) ;

b.    le renforcement du nombre et de la capacité des observateurs des droits de l’homme et des observateurs militaires déployés au Burundi ;

  1. Si les mesures ci-dessus ne portent pas de fruits d’ici un (1) mois, que l’Assemblée législative suspende le Gouvernement du Burundi à la fois de l’EAC et de l’UA.

L’Honorable Kidega a salué l’initiative prise par les pétitionnaires. Il a expliqué que la pétition est venue au bon moment étant donné que des vies humaines sont en jeu. Comme la question est urgente, il a promis de tout  faire pour que la pétition soit déposée sans délai devant l’Assemblée.