Nouvelles locales du vendredi 11 décembre 2015
Nouvelles locales

@rib News, 11/12/2015

● Sécurité

- Les habitants des quartiers du nord et du sud de la capitale Bujumbura viennent de passer une nuit sous haute tension. Une source militaire confirme que des attaques coordonnées ont visé les camps de Ngagara au nord, le camp de Muha et l'institut supérieur des cadres militaires (ISCAM) dans le Sud. La même source indique que des armes et plusieurs munitions auraient été volées sans en préciser le nombre. Encore vers midi ce vendredi, des tirs et explosions se sont fait entendre au nord et au sud de Bujumbura. Dans les quartiers du centre, plusieurs hommes en uniforme ont été déployés dans les rues. Les habitants s'inquiètent et craignent de sortir de leur maisons.

- C'est le cas de la zone de Nyakabiga où les affrontements ont été très intenses. Il est rapporté que des éléments de l'API (Appui à la Protection des Institutions) et de la BAE (Brigade Anti-émeute) ont forcé les portes des ménages et y ont commis des vols de téléphones et d’argent. A Ngagara et Mutakura, ce sont des rafles de jeunes qui ont été rapportées. Tout jeune dans la rue était arrêté par les forces de l'ordre et emmené de force. A Musaga des scènes identiques sont signalées. Les policiers forçaient les portails, ils entraient et arrêtaient tout jeune qui s’y trouvait.

- La situation était pareille à Mutakura. Les habitants assurent qu’ils sont terrés dans leurs maisons et que personne ne sort. Des policiers ont fait sortir des personnes de leurs maisons et tiraient. Ils ont ajouté qu’ils ne connaissaient pas encore le nombre de personnes arrêtées et/ou tuées. Ils ajoutaient qu’ils étaient en peur panique et criaient au secours malgré que les policiers ne voulaient pas qu'on vienne en aide à ceux qui ont été atteints par balles.

- Suite à cette situation, la circulation a été bloquée dans toute la ville de Bujumbura très tôt ce matin. Après les attaques armées de la nuit dans des camps militaires situés en périphérie, les axes menant vers le centre-ville ont été bloqués ; seuls les véhicules militaires et ceux de la police circulent. Les axes reliant Bujumbura aux autres provinces du Burundi ont également été barrés par la police. Ajoutons que même dans les quartiers relativement calmes, des coups de feu ont été tout de même entendus. L’on craignait une escalade de violences généralisée qui pourrait même s’étendre à d’autres provinces.

- L'armée burundaise confirme que des hommes armés ont bel et bien attaqué la nuit dernière des camps militaires se trouvant au nord et au sud de la capitale à Ngagara et Musaga. Le porte-parole de l'armée burundaise dresse un bilan de 12 morts "côté ennemi", 20 arrestations dont un blessé qui reçoit des soins à l'hôpital militaire de Kamenge. Du côté de armée, il y a 5 militaires blessés et pas de mort, précise le colonel Gaspard Baratuza. Ce dernier confirme par ailleurs que les attaques ont aussi concerné le camp de Mujejuru à Mugongo Manga de la province de Bujumbura. D'après le porte-parole de l'armée burundaise, l'objectif des assaillants était de dérober des armes et munitions afin ensuite de libérer des prisonniers de différentes maisons pénitentiaires.

- Un jeune garçon a été touché par une balle tirée par des éléments de l'API (Appui à la Protection des Institutions) embusqués au quartier 4 Ngagara. Ce jeune garçon a été touché au niveau du dos à quelques mètre de chez lui juste au moment de de sortir. Au quartier 6 de la même zone, une maison a été fouillée par des éléments de l'armée après qu'ils aient forcé l'entrée. Ils n’y ont rien trouvé et les habitants de la maison ont indiqué que ces policiers étaient venus chercher des armes et des "combattants" qui se seraient cachés là. Enfin au quartier 7 de Ngagara, des habitants qui discutaient devant chez eux ont été sommés par des militaires de se mettre à terre. Ils ont ensuite subit un interrogatoire. Un habitant de Ngagara a confirmé la présence des éléments de l'API cachés dans des buissons ici et là, à chaque coin de rue et qui tirent sur tout ce qui bouge.

● Droit de l’homme

- Marie-Claudette Kwizera, trésorière de la Ligue Iteka est introuvable depuis ce jeudi soir. Anschaire Nikoyagize président de cette organisation de la société civile qui lutte pour les droits de l'homme indique que cette femme a été "enlevée" par des agents de la documentation alors qu'elle circulait au niveau de la clinique de l'œil en plein centre ville. Le président de la Ligue Iteka dit être inquiet pour cette militante. En outre, la Ligue Iteka vient de publier un rapport dressant un bilan de 500 personnes tuées au Burundi depuis le début de l'année.

- Le Docteur Ntasumbumuyange, un ancien officier de l'armée burundaise vient d'être arrêté par des agents de l'API et des militaires l’après-midi de ce vendredi. L'interpellation s'est déroulée devant sa maison dans le quartier de Kigobe dans la ville de Bujumbura. On ignore les raisons de cette arrestation ainsi que l'endroit où a été emmené l'ancien militaire. La famille vient de confirmer les faits.

- Un homme et sa domestique ont été arrêtés par la police ce soir, à la 7eme avenue du quartier Nyakabiga III ce jeudi soir. Ce membre du parti MSD avait d'abord été appréhendé en compagnie de son frère et sa femme. La police a fouillé dans sa maison sans rien y trouver. Elle a ensuite creusé dans la rue devant sa parcelle pour y chercher des armes, là aussi sans succès. Il y a moins de deux semaines, le militant avait été arrêté et relâché par la suite.

● Economie

- Le ministre des Finances cherche des équipements et des véhicules pour les nouveaux parlementaires. Après 6 mois de législature, le Ministre des finances, du budget et de la privatisation plaide pour les parlementaires nouvellement élus. Dans une correspondance du ministre des Finances adressée au gouverneur de la Banque de la République du Burundi, Tabou Abdallah Manirakiza a ordonné au gouverneur de la BRB d’ouvrir un sous compte du compte général du trésor intitulé « achats véhicules et équipements des parlementaires ». Ce sous-compte sera alimenté par les produits des émissions des Obligations du Trésor pour la semaine du 07 au 13 Décembre. Le gestionnaire de ce compte sera le ministre des finances lui-même.

La décision du ministre des finances tombe à quelques jours de la fin de l’année au moment où tous les Burundais attendaient plutôt, un projet de loi des finances pour l’exercice 2016. Certains pensent que le projet tarde à être acheminé à l’Assemblée Nationale parce que le gouvernement a d’énormes difficultés financières suite à la crise qui dure sept mois. Un citoyen burundais contacté à ce sujet trouve qu’au lieu de penser seulement aux élus, le ministre des finances devrait agir globalement en envoyant une prévision budgétaire pour 2016 qui montre les besoins de toute la population Burundaise.