Nkurunziza est convaincu qu’il finira par avoir tout le monde ŕ l’usure
Opinion

Le Pays, 06/01/2016

Reprise avortée des pourparlers inter-Burundais :

Nkurunziza peut continuer à massacrer

Ce n’est pas demain la veille la fin du calvaire du peuple burundais. Le bout du tunnel est encore loin voire très loin. En effet, prévus pour se tenir aujourd’hui même, 6 janvier à Arusha en Tanzanie, les pourparlers destinés à dénouer la crise burundaise ont été reportés sine die.

Pour quelle raison ? Difficile d’y répondre. Car, alors que l’opposition dit n’avoir pas eu d’invitation confirmant le rendez-vous d’aujourd’hui, le gouvernement burundais, lui, indique clairement que la date du 6 janvier n’avait pas fait l’objet de "consensus".

Le responsable de la communication présidentielle, Willy Nyamitwe, avait déjà annoncé la couleur à l’issue de la rencontre de tous les protagonistes de la crise à Entebbe en Ouganda, en fin décembre 2015 ; lui qui regrettait une date fixée de manière unilatérale par la médiation ougandaise. Le drame, c’est que pour l’heure, aucune nouvelle date n’a été proposée par la médiation, alors que sur le terrain au Burundi, la situation continue de se dégrader.

Nkurunziza en fait à sa tête, convaincu qu’il finira par avoir tout le monde à l’usure

Le rouleau compresseur des assassinats ciblés continue ; histoire de réduire au silence tous les Burundais qui osent s’opposer au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Si fait qu’aujourd’hui, le Burundi n’est ni plus ni moins qu’une nécropole à ciel ouvert où les fantômes des occis, par familles entières, passent le temps à pleurer pour leurs proches en vie, tant Nkurunziza et ses sbires font preuve d’une cruauté à nulle autre pareille.

Qui sauvera donc le peuple burundais ? Question à mille inconnues. Car, on aura tout essayé. Mais, comme un microbe rebelle qui résiste à tout, Nkurunziza en fait à sa tête, convaincu qu’il finira par avoir tout le monde à l’usure. En témoignent ses multiples actes de défiance vis-à-vis de la communauté internationale dont l’inertie le dispute à l’irresponsabilité.

Les faits parlent d’eux-mêmes. Car, après avoir récusé de façon inamicale le médiateur mandaté de l’Union africaine (UA), en la personne de Boni Yayi, le boucher de Bujumbura s’est fermement opposé à l’envoi de toute force étrangère dans son pays aux fins de protéger les populations. C’est à se demander si Nkurunziza n’aura pas fait pire qu’Adolf Hitler qui, en plus d’avoir entrepris l’extermination des Juifs, avait décidé de défier à jamais le monde entier. En tout cas, le dialogue ayant plus ou moins échoué, on attend de voir comment l’UA et la communauté internationale réagiront. Vont-elles assister impuissantes au massacre du peuple burundais ? Ou vont-elles, par souci d’assistance à peuple en danger, mettre fin aux lubies d’un pasteur qui, bible en main, assassine à tout va ses brebis ?

B.O.


 

Burundi : Les négociations d’Arusha reportées, les Burundais continuent à souffrir le martyr

Le Faso, 06/01/2016

Les pourparlers inter-burundais initialement prévus pour ce mercredi 06 janvier à Arusha, en Tanzanie n’ont pas pu reprendre. Dès mardi, les représentants du gouvernement burundais et opposition avaient annoncé que ces discussions ne se tiendront pas à cette date. Les opposants soutiennent n’avoir pas reçu d’invitation pendant que le gouvernement de Nkurunziza martèle que cette date n’avait pas fait l’objet de consensus. En attendant, la crise du « 3e mandat » bat son plein à Bujumbura.

Le dialogue inter-burundais est bloqué depuis juillet 2015 sur la question du 3e mandat du président Pierre Nkurunziza. Depuis, il a réussi à se faire élire à la tête de l’Etat, au prix du sang. Mais, il n’a pas pu éviter une crise du fait de la contestation de ce mandat. Pour désamorcer la crise, le président ougandais Yoweri Museveni avait réussi à réunir les deux camps en décembre dernier, à Entebbe en Ouganda pour essayer de rapprocher les positions. Ensuite, la médiation ougandaise avait annoncé la reprise des discussions ce 06 janvier à Arusha en Tanzanie. Mais, ce fut un rendez-vous manqué. Le camp Nkurunziza estime que cette date n’est pas concertée, ou pas consensuelle. L’opposition, elle, soutenait la veille n’avoir pas jusque-là reçu d’invitation pour prendre part à ce ‘’dialogue’’ qui ne semble pas en être un.

Les partisans du pasteur Nkurunziza disent avoir écrit à la médiation le 30 décembre 2015 pour demander le report du dialogue au 15 janvier. L’opposition, elle soutient n’avoir reçu aucune information sur une nouvelle date. Mais, elle demande que « ces négociations se poursuivent le plus rapidement possible pour mettre fin au calvaire que vit la population qui est en train d’être massacrée par Nkurunziza et ses sbires ».

En attendant la population peut continuer à souffrir le martyr avec les assassinats qui se poursuivent. Des semblants de rebellions également tentent de se former, si l’on s’en tient aux propos du lieutenant-colonel Edouard Nshimirimana, un ancien officier supérieur de l’armée burundaise en charge du bureau des transmissions à l’Etat-major. Il avait annoncé, le 23 décembre dernier, prendre la tête d’un mouvement dénommé « Forces républicaines du Burundi » (Forebu). Avec pour objectif principal : « chasser par la force Nkurunziza du pouvoir et restaurer l’accord d’Arusha et la démocratie ».

En mis décembre 2015, l’Union africaine avait voté le principe d’un envoi de troupes africaines au Burundi, dénommée Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU) forte de 5 000 hommes, pour tenter d’enrayer le cycle des violences qui ont fait des centaines de morts et poussé plus de 200 000 personnes à l’exil. Mais, le président Burundais ne veut pas en entendre parler. Et menace même de s’opposer par la force. « Tout le monde doit respecter les frontières du Burundi. Si les troupes (de l’Union africaine) viennent, elles auront attaqué le Burundi, et chaque Burundais devra se lever pour les combattre », avait déclaré Pierre Nkurunziza, le 30 décembre, lors d’une conférence de presse. Nkurunziza et ses partisans considèrent d’ores et déjà cette force africaine comme une « force d’invasion et d’occupation ».
L’Union africaine qui a fait la proposition aux Nations unies attend toujours la réponse du Conseil de sécurité de l’ONU. Pendant ce temps, des Burundais continuent à mourir. Et le pasteur Nkurunziza n’en a cure du commandement de la bible qui dit que « tu ne tueras point ».

Moussa Diallo