Les effets néfastes des changements climatiques sur le Burundi
Société

PANA, 19/12/2009

Bujumbura, Burundi - Baisse de la production, pertes en vies humaines, inondations répétitives et glissements de terrains constituent autant de conséquences néfastes enregistrées au Burundi suite aux perturbations climatiques de ces dernières années.

Cette conclusion a été tirée par le docteur en géographie Jean-Marie Sabushimike, directeur de recherche à l'université publique de Bujumbura et consultant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du ministère burundais de l'Environnement.

L'augmentation des risques de maladies ou encore la perte de la biodiversité, le mouvement migratoire des populations et la réduction de l'énergie hydroélectrique font partie des faits marquants relevés par M. Sabushimike dans un entretien avec la PANA.

Le phénomène a commencé à s'accentuer depuis les années 1990 au Burundi, même si d'autres périodes antérieures de famine liées aux changements climatiques (sécheresse, excès de pluies, grêle) restent aujourd'hui encore gravées dans la mémoire des plus anciens, a-t-il poursuivi.

Il s'agit, notamment, des famines d'origine climatique (sécheresse, excès de pluies, grêle) des années 1905-1909, 1917, 1921-1923, 1931, 1933, 1943 et 1958 dans tout le pays et 1989-1990 dans les régions de Bujumbura rural, proche de la capitale, ou encore Bururi, dans le Sud, Gitega et Muramya, dans le centre, ainsi que celles de 2000-2005 dans les régions du Nord-Est.

De 1999 à aujourd'hui, l'évolution annuelle montre, par ailleurs, un raccourcissement de la saison pluvieuse et un rallongement de la saison sèche, a encore relevé le chercheur burundais.

Les résultats de simulations de changements climatiques dans la séquence temporelle 2000-2050 indiquent qu'on devrait assister à une augmentation globale de la pluviométrie variant de 3 à 10%, avec toutefois une diminution de 4 à 15% pour les mois de mai (fin de la saison des pluies) et octobre (début de la saison des pluies), selon la même source.

Les températures moyennes, quant à elles, devraient augmenter de 0,4 degré Celsius tous les dix ans, soit un accroissement de 1,9 degré C en l'an 2050, a-t-il projeté.

De l'avis général des spécialistes environnementalistes, le Burundi est très vulnérable aux changements climatiques et présente une maigre capacité d'adaptation compte tenu de sa situation socioéconomique précaire, surtout pour un pays qui sort de plus d'une décennie de guerre civile.

Le pays ne manque cependant pas de bonnes intentions pour faire face à tous ces aléas, comme cela transparaît à travers le contenu du Plan d'action national d'adaptation aux changements climatiques (PANA) du ministère de l'Environnement.

Ce plan, qui existe depuis 2005, s'est imposé en vue d'évaluer la vulnérabilité du pays et de proposer des mesures et des activités prioritaires visant à réduire les effets néfastes des changements climatiques et d'appliquer des politiques de prévision permettant de réagir aux futures catastrophes.

Les secteurs prioritaires du PANA sont ceux des ressources en eau, de l'agriculture, l'énergie, les paysages et écosystèmes naturels ainsi que celui de la santé.

Cependant, les moyens financiers, ainsi que les ressources humaines nécessaires font encore défaut pour mener à bien tous ces projets prioritaires, lit-on dans le document du PANA.

Au niveau des technologies indispensables pour prévenir et gérer les conséquences néfastes induites par les changements climatiques, le plan met surtout en avant la nécessité d'améliorer les prévisions climatiques saisonnières pour une alerte rapide, l'identification et la vulgarisation des techniques améliorées d'utilisation du bois et les énergies nouvelles renouvelables.