Burundi : le pouvoir exige le remplacement du représentant de l'ONU
Diplomatie

@rib News, 26/12/2009 – Source AFP

Youssef Mahmoud devant le Conseil de sécuritéLe gouvernement du Burundi vient de demander formellement le remplacement du représentant de l'ONU au Burundi, Youssef Mahmoud, accusé d'être proche de l'opposition, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

"Le gouvernement a adressé une note officielle au Secrétaire général de l' ONU pour lui demander de rappeler son représentant, le Tunisien Youssef Mahmoud, a annoncé un haut responsable onusien, sous couvert d'anonymat.

L'information a été confirmée par une source gouvernementale burundaise.

Le gouvernement a formulé cette demande après un entretien jeudi entre M. Mahmoud et le chef de la diplomatie burundaise, Augustin Nsanze, selon la source onusienne.

Le représentant de l'ONU avait alors demandé "des éclaircissements" du ministre sur sa déclaration au Conseil de sécurité à New York le 10 décembre au cours de laquelle il avait menacé de "solliciter son remplacement", a précisé cette source.

M. Nsanze reprochait notamment au représentant de l'ONU à Bujumbura, également patron du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB), "de vouloir incriminer le parti au pouvoir (...) et de se substituer aux autorités" dans l'organisation des élections générales de 2010, précise un rapport onusien.

"Le pouvoir reproche à M. Mahmoud d'être proche de l'opposition, d'avoir produit un rapport très noir sur le Burundi, notamment sur la question d'une milice du parti au pouvoir et sur les élections (...)", selon la source diplomatique onusienne.

En août 2006, Bujumbura avait demandé le rappel du prédécesseur de M. Mahmoud, Nourreldine Satti, accusé d'être proche de l'opposition, quelques mois après avoir fait de même avec Carolyn Mc Askie, ancienne n°1 de l'Opération de l' ONU au Burundi (ONUB).

Le BINUB a été créé fin 2006, en remplacement d'une force de paix de l'ONU de plus de 5.000 hommes. Il est chargé d'aider le gouvernement burundais notamment dans la "consolidation de la paix et la gouvernance", le désarmement, la défense des droits de l'homme et la lutte contre l'impunité.

Le Conseil de sécurité a reconduit le 17 décembre pour un an le mandat du BINUB, en le chargeant de prêter une attention particulière à l'appui aux élections générales prévues en juin 2010, et en engageant le gouvernement à "prendre des mesures pour instaurer le climat qui permettra de procéder à une consultation libre, régulière et pacifique".

Le parti Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu, d'opposition) s'est dit "inquiet de cette décision de chasser le représentant de l'ONU au Burundi car il s'agit sans aucun doute d'un message du pouvoir pour dire à la communauté internationale de ne pas à se mêler des élections de 2010"

"C'est une image très négative pour le Burundi car ce pouvoir corrompu vient d'établir un record mondial en chassant trois représentants de l'Onu en quatre ans", a déclaré le porte-parole du Frodebu, Pancrace Cimpaye.