Museveni se représente en Ouganda, son principal opposant arrêté
Afrique

@rib News, 18/02/2016 – Source Reuters

 Au pouvoir depuis trente ans, le président ougandais, Yoweri Museveni (photo, à g), a remis son mandat en jeu jeudi dans un contexte de tensions illustré par l'arrestation, le jour même, de son principal opposant Kizza Besigye (photo, à d).

Depuis quelques temps, le camp présidentiel et l'opposition s'accusent mutuellement de constituer des groupes d'autodéfense et les principaux rivaux du chef de l'Etat ont dit craindre des fraudes dans les urnes.

Yoweri Museveni, âgé de 71 ans, est opposé à deux candidats, Kizza Besigye, son opposant historique déjà battu lors de trois élections, et l'ancien Premier ministre Amama Mbabazi, qui jusqu'à récemment était encore un proche allié du président.

"Une journée comme celle-ci est discréditée par l'absence d'élections libres et honnêtes", avait déclaré Kizza Besigye, 59 ans, en glissant son bulletin dans l'urne à Ruhungi, un village de l'ouest de l'Ouganda.

Selon une responsable de sa formation politique, le Forum pour le changement démocratique, Kizza Besigye a été interpellé jeudi. "Je suis en mesure de confirmer qu'il a été arrêté", a déclaré Ingrid Turinawe. La police n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Après avoir voté, Yoweri Museveni a prévenu que quiconque provoquerait des désordres ferait face à l'appareil sécuritaire ougandais.

"Si quiconque tente de provoquer la violence, il sera tout simplement arrêté, placé dans un réfrigérateur jusqu'à ce que ses ardeurs refroidissent et que sa pression sanguine redescende", a lancé Yoweri Museveni à Rushere, son village natal.

Les bureaux ont fermé en général à 16h00 (13h00 GMT), mais les opérations de vote ont été prolongées jusqu'à 19h00 dans certaines circonscriptions où des retards ont été constatés, a dit la commission électorale. Quelques bureaux de vote rouvriront vendredi, ajoute-t-elle.

Pour des raisons de sécurité, l'accès à Facebook, Twitter et au service de messagerie WhatsApp a été bloqué par les autorités, a déclaré Godfrey Mutabazi, qui dirige la Commission ougandaise des communications.

ALLIÉ DES ETATS-UNIS

Apprécié de ses alliés occidentaux pour son rôle sur la scène africaine, Yoweri Museveni, arrivé au pouvoir en 1986 à l'issue d'une guérilla de cinq ans, est salué par une partie de la population pour avoir apporté au pays plusieurs décennies de paix relative et de stabilité économique.

Grand allié des Etats-Unis, l'Ouganda est en pointe dans la mission de maintien de la paix de l'Union africaine contre les islamistes en Somalie.

Mais le chef de l'Etat est dans une position moins confortable que lors des précédents scrutins en raison notamment de la jeunesse, qui représente un poids électoral important.

Les grands stars de la musique ougandaise ont été invitées dans les meetings présidentiels tandis que Besigye et Mbabazi ont axé leur campagne sur la nécessité de créer des emplois et de lutter contre lacorruption, des thèmes porteurs auprès des jeunes électeurs.

Beaucoup d'entre eux, rencontrés au hasard des rues de Kampala, affichent leur préférence pour Kizza Besigye, comme Joel Nyonyintono, un entrepreneur de 26 ans, honteux de l'état des routes ou des hôpitaux de son pays. "Nous sommes tellement en retard. Il faut ouvrir les yeux", dit-il.

D'autres électeurs appréhendent l'idée d'un "changement". Nanteza Beatrice, une marchande de fruits âgée de 56 ans, se déclare convaincue que l'Ouganda n'est pas prêt pour l'après-Museveni. "Nous avons la paix depuis si longtemps que les jeunes prennent cela comme acquis, parce qu'ils ne connaissent pas ce qu'il y avait avant lui."