Burundi : réouverture sous condition de deux radios privées
Société

RFI, 20-02-2016

 Les autorités burundaises ont ordonné la réouverture de deux radios privées frappées d'interdiction depuis le 14 mai dernier. En échange, les deux fréquences ont dû signer un « acte d'engagement » auprès du Conseil national de la communication.

Après neuf mois d’abstinence radiophonique, Samson Maniradukunda se dit heureux. Il a enfin pu rentrer dans les locaux de la Radio Isanganiro qu'il dirige depuis juin 2015, en remplacement de l'ancienne directrice contrainte à l'exil.

« Les machines ont été détruites, les portes... Vraiment, nous devons d’abord remplacer le matériel détruit avant le commencement des activités. Mais sinon aujourd’hui, nous avons l’accès aux bureaux », assure le directeur.

Une information « équilibrée et objective »

Mais en échange, le directeur a dû signer une lettre d'engagement. Le contenu : fournir une information « équilibrée et objective », et à ne pas porter atteinte à la « sécurité » du pays.

Ces critères sont sujets d’inquiétudes et d’interprétations dans le contexte actuel. « Ça nous inquiète parce que ces engagements risquent d’être interprétés à travers des pouvoirs. C’est comme si, d’emblée il y a une certaine liberté dont on est privés parce qu’on accepte de travailler sous condition », a fustigé Patrick Nduwimana, président de l'Association des radios du Burundi (ABR).

Il craint que cette mesure ne vise à diviser les médias burundais et réclame que la levée d'interdiction s'applique à toutes les radios privées du pays.

Partiellement détruites

Les deux radios concernées sont Rema FM, considérée comme proche du pouvoir et de la radio Isanganiro, dont l'ancienne directrice est toujours en exil et sous le coup d'une demande d'extradition de la justice burundaise.

Ces deux radios faisaient partie d'un ensemble de plusieurs radios, dont la plus célèbre, la Radio publique africaine (RPA), qui avait été partiellement ou totalement détruites lors du putsch manqué le 13 mai 2015.

La radio Bonesha FM, la radio RPA, et la radio-télévision Renaissance FM, toutes deux indépendantes, restent fermées.