Burundi : une situation humanitaire alarmante selon l'ONU
Société

PANA, 07 mars 2016

Plus d’un million de personnes dans un besoin urgent d’une assistance humanitaire au Burundi

 Bujumbura, Burundi - Au moins 1,1 million de personnes nécessitent une protection et une assistance humanitaire immédiates, y compris l’accès urgent aux services essentiels de base et à des moyens de subsistance pour avoir été sérieusement affectées par l’impact néfaste de la crise politique qui a débuté en avril 2015 au Burundi, estime l’Office des Nations Unies en charge des urgences humanitaires (OCHA).

Un plan de "Réponse humanitaire pour le Burundi", sur l’année 2016, dont une copie électronique a été envoyée, lundi, à la PANA, rappelle qu’avec une population de 10,1 millions d’habitants, le Burundi était déjà avant la crise, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), sur le développement humain de 2015, place le Burundi à la 184ème position (sur 188 pays et territoires analysés), avec une espérance de vie de 56,7 ans et un taux de mortalité infantile de 82,9 décès d’enfants de moins de cinq ans pour mille naissances, rappelle la même source.

En temps normal, le Burundi dépendait déjà de l’extérieur pour son développement socio-économique, avant le découragement des principaux bailleurs de fonds bilatéraux, comme l’Union européenne (UE) et les Etats unis d’Amérique, par une crise qui a duré presque une année, liée à un conflit électoral mal résolu entre le pouvoir et l’opposition.

OCHA s’attend à ce que l’impact humanitaire de la longue crise politique au Burundi soit davantage accentué au courant de l’année de 2016 pour un certain nombre de raisons.

Parmi ces raisons, OCHA relève, entre autres, des coupes budgétaires, jugées «dramatiques», de l’ordre de 54% pour la santé, 14% pour l’agriculture, 27% pour l’éducation et 65% pour la protection et la promotion des droits humains.

Au-delà de la crise sociopolitique, le pays a connu des inondations importantes en novembre 2015 qui ont affecté au moins 30.000 personnes, dont 52 décès, détruit ou endommagé plus de 5.000 maisons et emporté 13.000 hectares de champs.

Les communautés affectées par les inondations ont du mal à répondre à leurs besoins en abris, en articles non alimentaires, en eau, en hygiène et assainissement, en biens alimentaires et autres moyens de subsistance.

Au niveau de la sécurité, OCHA parle au conditionnelle d’au moins 743 personnes qui auraient été tuées et des centaines d’autres blessées dans la même crise au Burundi.

A cela s’ajoutent "plus de 4.700 cas" de violations des droits humains qui ont été enregistrés depuis le début de la crise. "Les cas de viol et d’agressions sexuelles contre les femmes et les filles ont également augmenté", note l’office onusien.

Les hommes et les jeunes sont encore "victimes d’arrestations arbitraires et d’exécutions sommaires", tandis que d’autres jeunes ont vu leur éducation perturbée, " principalement là où les écoles ont été occupées par les forces de sécurité ou suite aux attaques près des établissements scolaires".

Des déplacements massifs de populations sont encore observés, selon OCHA qui réfère aux chiffres du haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), faisant état, depuis le début de la crise, de plus d’un "quart de million" (260.000) Burundais, dont plus de la moitié sont des enfants, qui ont fui leurs maisons vers des pays voisins, craignant pour leur vie.

L’autres chiffres que OCHA attribue, cette fois, à l’Office internationale des migrations (Oim), indique qu’au moins 70.000 personnes sont des déplacées intérieures, dont 70% d’entre eux résident dans des familles d’accueil de Bujumbura, la capitale, et dans plusieurs provinces de l’intérieur du pays.

Cet exode accentue la pression sur les communautés hôtes dont les ressources et l’accès aux services étaient déjà limités, relève OCHA.