Tanzanie : le parti au pouvoir remporte des élections controversées à Zanzibar

@rib News, 21/03/2016 – Source AFP

 Le parti au pouvoir en Tanzanie, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), a remporté sans surprise les élections de dimanche dans l'archipel semi-autonome de Zanzibar, boycottées par l'opposition et critiquées par les pays occidentaux.

Le CCM comptabilise 91,4% des voix et son dirigeant sur l'archipel, Ali Mohamed Shein (photo), est réélu président, selon les résultats officiels communiqués lundi à la mi-journée par la commission électorale de Zanzibar (ZEC).

"Je suis content d'avoir gagné. Je suis prêt à servir les habitants de Zanzibar pour cinq nouvelles années", a déclaré à la presse Ali Mohamed Shein en recevant son "certificat de victoire" des mains du président de la ZEC.

Ces élections présidentielles et législatives s'étaient tenues le 25 octobre, en même temps que celles sur la partie continentale de la Tanzanie. Elles avaient été annulées après que Seif Sharif Hamad, vice-président de Zanzibar et chef du principal parti d'opposition, le Front civique uni (CUF), s'était déclaré vainqueur au lendemain des élections, affirmant avoir recueilli 52,87% des voix, contre 47,13% au président Shein.

La commission électorale avait décidé d'invalider les résultats du scrutin, affirmant que l'élection avait été entachée de "fraudes massives".

Les Etats-Unis et l'Europe avaient, en vain, tenté de faire pression pour que ces résultats soient reconnus. Le CUF avait de son côté dénoncé une manœuvre pour le priver de la victoire et appelé ses sympathisants à boycotter le nouveau scrutin.

Dans un communiqué conjoint publié lundi, les ambassadeurs de 15 pays occidentaux en poste en Tanzanie - dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni - et celui de l'Union européenne ont "regretté" que ce nouveau scrutin ait été organisé sans au préalable "une solution mutuelle négociée et acceptable à l'impasse politique actuelle".

"Pour être crédibles, les processus électoraux doivent être inclusifs et représentatifs de la volonté du peuple", poursuivent les ambassadeurs, appelant le gouvernement tanzanien à poursuivre les efforts pour trouver "une solution négociée entre les parties, dans le but de maintenir la paix et l'unité de la République unie de Tanzanie".

- "Divisé" -

Dimanche, le candidat du CUF Seif Sharif Hamad est arrivé en troisième position du scrutin avec 1,9% des voix, devancé par Hamad Rashid Mohamed, candidat de l'Alliance pour le changement démocratique (ADC) qui totalise 3% des suffrages.

M. Mohamed, qui a longtemps appartenu au CUF, devrait normalement remplacer Seif Sharif Hamad au poste de vice-président.

"Je félicite le Dr Shein pour sa victoire mais nous devons garder à l'esprit que Zanzibar est politiquement divisé. Nous devons faire baisser les vives tensions politiques pour nous concentrer sur le développement", a-t-il déclaré lundi à la presse.

Au total, 67,9% des 503.580 électeurs enregistrés se sont déplacés aux urnes dimanche, dans le calme, selon la commission électorale.

Ali Mohamed Shein, médecin de profession, âgé de 68 ans, devrait être officiellement investi jeudi pour un deuxième mandat de cinq ans.

Dés l'annonce de sa réélection, des militants du CCM ont commencé à fêter la victoire dans les rues des îles d'Unguja et de Pemba, les deux principales de l'archipel.

L'annulation des élections à Zanzibar n'avait pas empêché que le résultat du scrutin présidentiel d'octobre soit validé à l'échelon national. John Magufuli (CCM) avait ainsi succédé à Jakaya Kikwete, du même parti, comme président de la Tanzanie.

La Tanzanie est née en 1964 de l'union du Tanganyika - continental - et de l'archipel de Zanzibar, qui bénéficie de son propre président, et d'un gouvernement et d'un Parlement locaux.

Zanzibar a été le théâtre de tensions politiques et interconfessionnelles ces dernières années - avec des attaques à la grenade - et ces violences ont affecté le secteur clé du tourisme.

Des dissensions sont aussi apparues sur l'avenir de l'union, certains partis d'opposition, y compris le CUF, réclamant un retour à l'indépendance dont Zanzibar avait joui brièvement au début 1964.