Burundi : l'Eglise "déçoit" le parti au pouvoir
Société

Radio Vatican, 29/03/2016  

 Au Burundi, le parti au pouvoir s’en prend violemment à l’Eglise catholique : il l’accuse de jouer un rôle politique et pas seulement spirituel.

Le petit pays d'Afrique de l'est est plongé dans une profonde crise politique émaillée de violences depuis la candidature à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza en avril 2015 et sa réélection contestée au mois de juillet. Les manifestations hostiles au troisième mandat du président ont été sévèrement réprimées. [Photo : Cathédrale du Christ-Roi de Gitega]

Plus de 400 personnes ont été tuées, quelque 250 000 ont fui le pays et les prisons regorgent de jeunes qui seraient soumis à la torture.

Dans ce contexte, la Conférence des évêques catholiques du Burundi n’a cessé de plaider en faveur des négociations entre toutes les parties prenantes à la crise politique. Estimant que la candidature du président Nkurunziza violait la constitution, l’épiscopat avait retiré ses représentants de la commission électorale, en juillet dernier, arguant que l’Eglise ne pouvait pas prendre part à un processus électoral visiblement non consensuel et présentant des lacunes.

Début mars, elle a encore appelé les hommes politiques, surtout les chrétiens à «se demander où ils sont en train de conduire la nation, car le pays semble se trouver à la croisée des chemins».

En réponse à cette déclaration, le président du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a affirmé sur sa page Facebook que le comportement de l’Eglise catholique avait «déçu» le peuple burundais, en particulier les démocrates. Il a déploré l’activisme inconsidéré de certains de ses responsables, les accusant d’avoir voulu mettre fin aux élections en sabotant la Commission électorale nationale indépendante et en voulant bloquer le fonctionnement de la Commission vérité et réconciliation. 

Cette interpellation n’est pas la première du genre, puisqu’à la mi-mars, les autorités mettaient déjà en garde les responsables de certaines églises. Le ministre burundais de l’Intérieur les avait accusés de proférer des communiqués effroyables qui sèment la zizanie au sein de la population et qui prêtent main-forte aux fauteurs de troubles.

Le parti au pouvoir a par ailleurs accusé le président rwandais Paul Kagamé de chercher à exporter le génocide au Burundi pour jouer au petit impérialiste. Le pouvoir s’en prend aussi très violemment aux médias et journalistes internationaux, accusés d’avoir pris fait et cause pour les terroristes.

(MD-RF avec cath.ch-apic/Jeune Afrique)