Burundi : l'humoriste Kigingi libéré après une détention pour "outrage à chef d'Etat"
Droits de l'Homme

@rib News, 01/04/2016 –Source AFP

 Alfred-Aubin Mugenzi (photo), un célèbre humoriste burundais connu sous le nom de scène de "Kigingi", a été libéré vendredi après trois jours de détention par le Service national de renseignement (SNR) du Burundi pour "outrage à chef d'Etat", a-t-on appris auprès de sa famille.

"Kigingi vient d'être relâché en début d'après-midi. Nous remercions tous ceux qui se sont mobilisés pour sa libération, surtout les gens des médias", a déclaré un de ses proches, joint par téléphone.

Alfred-Aubin Mugenzi avait été arrêté mardi en début de soirée par des agents du SNR - qui dépend directement du président Pierre Nkurunziza - dans un hôtel de Muramvya (centre), à 50 km à l'est de Bujumbura, où il se trouvait pour une tournée de promotion commerciale, selon des membres de sa famille.

"Il a été transféré à Bujumbura et placé dans les cachots du SNR, mais personne n'a encore pu le voir", s'était inquiété un peu plus tôt dans la matinée un membre de sa famille. Mardi soir, l'humoriste, également animateur radio sur la station burundaise Buja FM, avait pu communiquer avec sa famille et assuré qu'il ne connaissait pas le motif de son arrestation.

"Des sources du SNR nous ont dit qu'il a été arrêté pour outrage à chef d'Etat à cause d'un de ses sketchs sur le président Nkurunziza, qu'il avait présenté lors d'une tournée au Rwanda en juin 2015", avait expliqué la même source.

Dans ce sketch, qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, l'artiste raconte comment Nkurunziza, grand amateur de football, refuse de quitter le terrain après avoir reçu un deuxième carton jaune, en expliquant que pour la présidence aussi il avait brigué un troisième mandat alors même que la Constitution le lui interdisait.

Le président Nkurunziza, chrétien "born again" revendiqué et ancien professeur de sport, se déplace régulièrement avec son équipe de football, Halleluya FC, et sa chorale, à travers tout le pays, en jouant avec les équipes locales et en chantant à la tête de sa chorale.

Le motif de l'arrestation de "Kigingi" avait été confirmé par un haut responsable des services secrets, qui avait qualifié ce sketch d'"insulte au président" en laissant entrevoir "une prochaine libération pour cette fois".

Le Burundi est plongé depuis près d'un an dans une crise politique profonde, née de la volonté du président Nkurunziza de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, qu'il a obtenu en juillet.

Les violences, désormais armées, ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 250.000 personnes à quitter le pays.