Le Burundi renoue malgré lui avec l’assistance humanitaire à grande échelle
Société

PANA, 01 avril 2016

 Bujumbura, Burundi - Le gouvernement du Japon va débloquer un montant global de près de quatre millions de dollars américains destiné à faire face aux besoins alimentaires et nutritionnels les plus pressants des personnes ayant été affectées par la crise socio-politique en cours, depuis bientôt un an, au Burundi, apprend-on de source humanitaire à Bujumbura.

La crise est venue anéantir les progrès socioéconomiques qui avaient été engrangés au sortir de la guerre civile qui avait fait au moins 300.000 tués et poussé en exil plus d’un million d’autres citoyens, rappelle-t-on dans les milieux humanitaires et d’affaires à Bujumbura.

Selon un communiqué du programme alimentaire mondial (Pam) par lequel va transiter l’aide nippone, un montant de 2,66 millions de dollars ira couvrir les besoins alimentaires des familles qui ont été rendues vulnérables par la crise et se trouvent dans le besoin immédiat d’une assistance alimentaire.

Un autre montant de l’aide financière nippone de l’ordre de 1,33 million de dollars ira à la prise en charge des enfants victimes de la malnutrition aiguë.

La même source indique que le Pam fournissait déjà une assistance alimentaire d’urgence à 100.000 personnes vulnérables au Burundi, grâce aux contributions d’autres donateurs.

Sur l’année 2016, l’agence spécialisée des Nations unies prévoit d’assister au moins 1,6 million de nécessiteux au Burundi, y compris les victimes des chocs climatiques.

D’après le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr), la nouvelle crise a déjà fait fuir plus d’un quart de million de Burundais (250.000 personnes) dont des enfants pour plus de la moitié, actuellement recensés dans cinq pays d’asile, principalement en Tanzanie, au Rwanda, en République démocratique du Congo ou encore en Ouganda.

La même source fait état de 70.000 personnes qui sont des déplacées à l’intérieur du pays, dont 70% d’entre elles résident dans des familles d’accueil, accentuant la pression sur les communautés hôtes dont les ressources et l’accès aux services étaient déjà limités.

Le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), quant à lui, fait savoir que la crise politique du moment au Burundi a encore eu un impact considérable sur la prestation des services sociaux, avec des coupes budgétaires drastiques, en 2016, dans plusieurs secteurs.

A titre illustratif, le budget de la Santé a été amputé de 54% des moyens qui lui étaient réservés avant la crise, contre 14% pour l’Agriculture et 27% pour l’Education nationale.

Ces coupes budgétaires s’expliquent en grande partie par la suspension des appuis financiers extérieurs dont dépendait le Burundi pour plus de 50% avant que la crise ne fassent fuir ses bailleurs de fonds traditionnels.

L’Union européenne (Ue), de loin le principal bailleur de fonds étranger du Burundi, a suspendu dernièrement plus de 430 millions d’euros d’aide budgétaire directe au gouvernement burundais et ne compte maintenir qu’une assistance humanitaire de l’ordre de 50 millions d’euros sur l’année 2016.

Par ailleurs, au-delà de la crise sociopolitique, le pays a connu des inondations importantes entre les mois de septembre 2015 et février 2016 qui ont affecté au moins 90.000 personnes, dont 74 décès.

Les dégâts matériels des inondations s’élèvent encore à au moins 5.000 maisons ainsi que 13.000 hectares agricoles qui ont été détruits ou partiellement endommagés.