Nelson Mandela, icône de la liberté et du pardon, fête ses 90 ans
Afrique

@rib News, 18/07/2008 - Source AFP

 L'icône mondiale qu'est Nelson Mandela célèbre vendredi son 90e anniversaire fort d'une popularité inébranlable, fruit de sa lutte infatigable contre l'apartheid et pour la réconciliation d'une Afrique du Sud pourtant toujours fracturée.

De plus en plus frêle, "Madiba" (son nom de clan) limite ses apparitions publiques sans renoncer à son combat pour la dignité humaine. "Là où règnent la pauvreté et la maladie, y compris le sida, là où des êtres humains sont opprimés, il y a encore du travail à faire", lançait-il encore récemment.

Leader de la lutte contre le régime ségrégationniste, Mandela a passé 27 ans de sa vie en détention. Sa libération en 1990 accéléra la chute de l'apartheid. Quatre ans plus tard, il devenait le premier président noir démocratiquement élu de son pays.

"Une icône mondiale de la réconciliation". Cette définition de l'archevêque anglican Desmond Tutu résume le principal legs de Mandela : transformer, sans rancoeur, son pays déchiré en une démocratie multiraciale et stable.

Né le 18 juillet 1918 dans la région du Transkeï (sud-est) au sein du clan royal des Thembu, son père le nomme Rolihlahla, "celui par qui les problèmes arrivent", en xhosa. Un instituteur y adjoindra Nelson.

De fait, Mandela manifesta très tôt un esprit rebelle : étudiant, il est exclu de l'université noire de Fort Hare pour un conflit sur l'élection de représentants étudiants.

A Johannesburg, le jeune apprenti avocat, amateur de femmes et boxeur à ses heures, s'engage au sein du Congrès national africain (ANC) et fonde avec d'autres jeunes impatients, comme Oliver Tambo, la Ligue de la Jeunesse de l'ANC.

Face à un régime qui institutionnalise l'apartheid en 1948, il prend les rênes du parti à la suite d'Albert Luthuli. Maintes fois arrêté, Mandela est jugé une première fois pour trahison et acquitté en 1961.

L'ANC interdite depuis 1960, il préside au passage de l'organisation à la lutte clandestine et armée fin 1961. Arrêté de nouveau, il est jugé avec le noyau dirigeant de l'ANC pour sabotage et complot contre l'Etat lors du procès de Rivonia (1963-64). Il y est condamné à la prison à vie, mais a fait entendre sa profession de foi: "Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales (...) C'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir".

Depuis le bagne de Robben Island, sur un îlot au large du Cap, où il passa 18 ans, ou de ses autres geôles, Mandela inspirera les autres combattants et restera l'objet d'approches secrètes du gouvernement.

Le 11 février 1990, le "détenu 46664" apparaît en homme libre aux côtés de sa deuxième épouse Winnie, symbole féminin de la lutte. Il entame immédiatement des négociations avec le gouvernement, qui scellent la transition pacifique.

Avec le dernier président de l'apartheid Frederik de Klerk, Mandela partage le prix Nobel de la Paix en 1993.

Triomphalement élu lors du premier scrutin multiracial, le 27 avril 1994, Mandela affiche dès son discours d'investiture sa volonté de bâtir une "Nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et le monde".

Adulé par les Noirs, il gagne peu à peu l'affection de Blancs médusés par son absence d'amertume, symbolisée en 1995 par un maillot de rugby vert et or, que Mandela enfile pour célébrer la victoire de la très blanche équipe nationale en Coupe du Monde.

En 1998, le jour de ses 80 ans, "tata" (grand-père) épouse en troisièmes noces Graça Machel, la veuve de l'ancien président mozambicain, de 27 ans sa cadette. Un an plus tard, il quitte la présidence et se retire de la vie publique en 2004.

Loyal à l'ANC, il évite de prendre position sur la politique de son pays, regrettant juste les atermoiements de son successeur Thabo Mbeki en matière de lutte contre le sida. Dans un pays où cette maladie reste un tabou, il mène la mobilisation, en organisant en 2003 le premier d'une série de concerts mondiaux, où en annonçant publiquement en 2005, que son fils en est mort.

Les grandes dates de la vie de Mandela

Voici les grandes dates de la vie du héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir d'Afrique du Sud Nelson Mandela, qui fête vendredi son 90e anniversaire.

- 1918, 18 juillet: naissance dans une famille royale de l'ethnie xhosa, dans le Transkei (sud-est)

- 1939: entre à l'Université de Fort Hare, alors unique université pour les Noirs.

- 1943: devient membre du Congrès National Africain (ANC).

- 1944: rencontre et épouse Evelyn Mase qui lui donnera deux fils et une fille.

Co-fonde avec Oliver Tambo la Ligue de la Jeunesse de l'ANC.

- 1952: mène la "Campagne de défiance civile" contre l'apartheid (qui a été institutionnalisé en 1948).

- 1956: arrêté pour haute trahison. L'instruction du procès durera trois ans.

- 1957: Mandela en instance de divorce rencontre Nomzamo Winnifred "Winnie" Madikizela, qu'il épousera en 1958. Ils auront deux filles.

- 1961: acquitté dans le procès pour haute trahison. Décembre: lance l'aile armée de l'ANC, dont il devient le commandant en chef.

- 1962: arrêté et condamné a cinq ans de prison pour incitation à la grève, et pour avoir quitté le territoire sans autorisation.

- 1963: le noyau dirigeant de l'ANC est arrêté dans sa planque de Rivonia (Johannesburg) et des documents impliquant Mandela sont découverts. Mandela est inculpé de sabotage et haute trahison. Pendant le procès, il prononce son fameux discours sur la démocratie "un idéal pour lequel je suis prêt à mourir".

- 1964, 12 juin: Mandela et ses co-accusés sont condamnés à la prison à vie et envoyés sur l'îlot-bagne de Robben Island, au large du Cap.

- 1990, 11 février: libéré.

- 1991: élu président de l'ANC, supervise et dirige les négociations de la transition.

- 1993: Prix Nobel de la Paix avec le dernier président de l'apartheid Frederik de Klerk.

- 1994, 27 avril: premières élections multiraciales, victoire de l'ANC.

10 mai: Mandela est investi président.

- 1996: divorce avec Winnie, dont il était séparé depuis près de quatre ans.

- 1998: Epouse Graça Machel, veuve de l'ancien président mozambicain Samora Machel.

- 1999: se retire de la présidence du pays, qui revient à Thabo Mbeki après la victoire de l'ANC aux deuxièmes élections démocratiques.

- 1999-2001: assume la médiation du processus de paix au Burundi après le décès du médiateur tanzanien Julius Nyerere.

- 2003: préside au Cap au premier d'une série de concerts internationaux au profit de la lutte contre le sida.

- 2004: se retire de la vie publique

- 2005: annonce que son fils, Makgatho, 54 ans, est mort du sida, "une maladie normale".