La Tanzanie ferme un journal et en suspend un autre
Afrique

PANA, 13/01/2010

Nairobi, Kenya - Le gouvernement tanzanien sévit contre la presse, a annoncé ce mardi l'Association des journalistes est-africains (EAJA) basée à Nairobi, au Kenya, qui a révélé que ce pays a fermé un journal en langue swahili et suspendu un autre pour trois mois.

Selon l'EAJA, ces mesures de répression font suite à des révélations accablantes sur une corruption généralisée au sein de l'armée, qui ont émis de sérieux doutes sur l'intégrité des institutions publiques.

D'après l'association, le gouvernement a retiré son autorisation de paraître au journal "Leo Tenaa" ("Again Daily") et suspendu la publication de "Kulikoni" ("What's Up") pour 90 jours à partir du lundi 11 janvier 2010.

Le ministre de l'Information, des Sports et de la Culture, le capitaine George Mkuchhika, a justifié ces mesures en évoquant une atteinte à la sécurité nationale par un article accablant paru dans "Kulikoni", qui a révélé comment la fraude aux examens nationaux était devenue monnaie courante dans l'armée.

L'article intitulé "La fraude aux examens touche l'armée", a mis le gouvernement dans l'embarras, selon le ministre.

L'EAJA a cité le ministre qui a déclaré que: "cet article a embarrassé l'armée et c'est la raison pour laquelle elle a porté plainte et que le journal a été sommé d'étayer ses affirmations, il n'a pas donné d'explications convaincantes".

L'EAJA couvre les pays d'Afrique de l'Est, dont l'Ethiopie, la Somalie, Djibouti, le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et le Mozambique.

La suspension de "Kulikoni" intervient un mois après que sa maison d'édition, Media Solution, a fait passer ce journal et sa version anglaise, "This Day", du statut d'hebdomadaires à celui de quotidiens.

Ces deux journaux ainsi que 11 autres titres appartiennent au magnat de la presse, Reginald Mengi, qui les publie par le biais de son groupe IPP. La principale publication de l'IPP est "The Guardian", dont 80.000 numéros sont distribués quotidiennement, ce qui en fait le journal de langue anglaise le plus vendu en Tanzanie.

La Tanzanie doit tenir ses quatrièmes élections générales multipartites en octobre de cette année. L'approche d'élections dans ce pays s'accompagne traditionnellement d'une répression des médias. Les fermetures et suspensions de journaux sont ainsi devenues un phénomène courant en Tanzanie.

Le 21 juillet 2001, le gouvernement avait interdit neuf magazines hebdomadaires en Kiswahili et suspendu trois tabloïdes pour leur publication de photographies prétendument indécentes de nature à corrompre moralement la société.