Le chef de la junte guinéenne en convalescence au Burkina Faso
Afrique

@rib News, 13/01/2010 – Source Reuters

Moussa Dadis CamaraLe capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte militaire guinéenne, est au Burkina Faso pour poursuivre sa convalescence après avoir été blessé début décembre dans une tentative d'assassinat, annonce le ministère burkinabé des Affaires étrangères.

Camara a été transféré mardi soir à Ouagadougou en provenance du Maroc, où il a séjourné plus d'un mois à l'hôpital militaire de Rabat.

"Après plus d'un mois de traitement et compte tenu de l'évolution de son état de santé, Moussa Dadis Camara est arrivé à Ouagadougou pour y poursuivre sa convalescence", dit le ministère dans un communiqué, sans préciser la durée de son séjour. Camara a été conduit dans une villa située en périphérie de la capitale.

Quelques heures plus tôt, Radio France Internationale, citant la présidence du Burkina Faso, avait déclaré que le chef de la junte militaire guinéenne était "lucide" et qu'il parlait.

Camara est arrivé mardi soir à l'aéroport militaire de la capitale burkinabé, où il a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères et un haut responsable de l'armée. Un témoin de Reuters a indiqué que deux personnes avaient aidé Camara à descendre de l'avion.

Selon un rapport de l'Onu, Camara est considéré comme responsable des violences du 28 septembre à Conakry au cours desquelles les forces de l'ordre ont tué plus de 150 manifestants réclamant le retour de la démocratie.

Le chef de la junte avait été blessé à la tête le 3 décembre lors d'une attaque menée par son ancien aide de camp, aujourd'hui en fuite.

Pendant son absence, la Guinée a été dirigée par son adjoint, le ministre de la Défense Sékouba Konaté.

"PAS LE BIENVENU A CONAKRY"

La junte a entamé cette semaine, comme elle l'avait promis, des discussions avec l'opposition en vue de préparer une transition démocratique vers un régime civil et la tenue d'élections.

Le président burkinabé, Blaise Compaore, a joué un rôle central dans les efforts de médiation visant à résoudre la crise politique croissante en Guinée.

En décembre, la France, l'ancienne puissance coloniale, avait prévenu qu'un retour de Camara dans son pays risquait de provoquer une guerre civile, un sentiment partagé mercredi par l'homme de la rue à Conakry.

"Il doit rester au Burkina, il ne doit pas rentrer en Guinée et déclencher une guerre", a déclaré Ousmane Fofana, chômeur de son état.

Pour ceux qui suivent le dossier guinéen, il y a peu de chances que Camara rentre à Conakry compte tenu des changements amorcés par son n°2, le général Konaté, sur la voie de la transition.

"Le message qui émane des militaires à Conakry est que Dadis doit rester au Burkina (...), ils soutiennent Konaté", explique un analyste. "Konaté semble avoir créé un sentiment de confiance".

Pour un analyste régional, "la dynamique est lancée. Dadis (Camara) ne serait pas le bienvenu (à Conakry) tant par les autorités que par la population. Il ne sera pas autorisé à quitter Ouagadougou par les autorités burkinabé ou par la communauté internationale".