Burundi : Le Colonel Jean-Baptiste Bagaza n’est plus
Société

@rib News, 04/05/2016

L’ancien président de la République du Burundi (1976-1987) s’est éteint ce mercredi 4 mai 2016 à 6heures30 du matin dans un hôpital d'Uccle à Bruxelles, où il était soigné, apprend-on de source proche de sa famille. Il allait avoir 70 ans en août prochain.

Né le 26 août 1946, il prit le pouvoir le 1er novembre 1976, à l’issue d’un coup d’État contre le Lieutenant-général Michel Micombero, premier président qui avait renversé une monarchie multiséculaire en 1966. Avant de prendre le pouvoir, le Colonel Bagaza avait suivi des études universitaires et militaires à l'École royale militaire de Bruxelles.

Jean-Baptiste Bagaza restera au pouvoir jusqu’au 3 septembre 1987, date à laquelle il est renversé par la major Pierre Buyoya au cours d'un coup d’État qui survint à la suite d'un début de mutinerie de soldats et sous-officiers qui craignaient d’être mis en retraite anticipée. Bagaza était alors en voyage pour le sommet de la Francophonie au Canada.

Sa marque dans l’histoire du Burundi – et la plupart des Burundais, malgré leurs divisions, le reconnaissent -, il l’a laissé ou plutôt gravé dans l’économie et les infrastructures.

Au niveau politique, outre le conflit ethnique hutu-tutsi latent que le président Bagaza a passé sous silence, il est inévitable de citer son conflit avec l’Église catholique.

Dans l’éducation c’est une véritable politique d'apartheid qu’il mena pour écarter la majorités des hutus des études secondaires et supérieures, en mettant en place un système dit "i" et "u" de sélection selon l'ethnie.

Au niveau diplomatique, sa forte inimitié pour les présidents zaïrois Mobutu et rwandais Habyarimana était de notoriété publique et, pour diminuer son isolement dans la région, le poussa à accorder son aide à Yoweri Museveni en lutte armée pour conquérir le pouvoir à Kampala, en Ouganda.

Après son renversement, Jean-Baptiste Bagaza fut contraint à l’exil et l’accès du territoire de son pays lui fut interdit par son tombeur. Museveni, ayant pris le pouvoir en Ouganda, va lui accorder l'asile après son éviction du pouvoir jusqu'à son retour au pays.

Bagaza ne rentrera qu’après les premières élections démocratiques qui consacrèrent en juin 1993 la victoire de Melchior Ndadaye, premier président hutu du Burundi.

L’assassinat de ce dernier par l'armée tutsi plongea aussitôt le pays dans une geurre civile qui prendra fin en 2005 avec l'accession au pouvoir de l'actuel président Pierre Nkurunziza.

Jean-Baptiste Bagaza a essayé d’influer sur la situation en créant un parti politique, le Parena. Il atteignit une influence notable principalement au sein de la communauté tutsi.

Aujourd’hui, Jean-Baptiste Bagaza était Sénateur à vie depuis 2005, dignité attribuée à tous les anciens présidents de la République par la Constitution issue des Accords d'Arusha d'août 2000.