Le pouvoir bien décidé à "réguler" la profession journalistique au Burundi
Droits de l'Homme

PANA, 03 mai 2016

L'édition 2016 de la liberté de la presse intervenue dans un contexte médiatique difficile au Burundi

Bujumbura, Burundi - La journée internationale de la liberté de la presse, édition 2016, a été placée, mardi (photo), au Burundi, sous le thème officiel de "L’accès à l’information et aux libertés fondamentales, c’est notre droit" dans un pays où une centaine de journalistes indépendants étaient aux abonnés absents pour avoir quitté le pays par peur de l’insécurité.

Le thème contrastait encore avec l’état des lieux des entreprises de presse privées indépendantes les plus importantes qui ont été soit détruites physiquement dans les violences post-électorales, en cours depuis plus d’un an, soit obligées de fermer.

Des journalistes en exil doivent encore faire face à des mandats d’arrêt internationaux, accusés d’avoir été de connivence avec les responsables militaires et policiers de la tentative de putsch manqué de mai 2015 ainsi qu’avec les opposants politiques hostiles au troisième mandat présidentiel.

Les auditeurs sont réduits aujourd’hui à écouter la radio télévision nationale (Rtnb, publique) qui a été pratiquement la seule à n’avoir pas été dérangée par la crise.

Plus récemment encore, les auditeurs ont pu se brancher à nouveau sur les fréquences d’une radio privée connue pour son indépendante, "Isanganiro", ainsi que sur celles de "Rema FM", réputée plus proche du parti au pouvoir.

Les deux radios ont bénéficié d’un non-lieu, faute de charges judiciaires suffisantes de complicité dans le "mouvement insurrectionnel" des "anti-troisième mandat" présidentiel et dans la tentative de putsch qui s’en est suivie.

Par contre, le sort de la "Radio publique africaine" (RPA), "Bonesha FM" ainsi que celui de la radiotélévision "Renaissance", toutes privées, reste inconnu, en attendant la fin des enquêtes judiciaires sur le même chef d’accusation de s’être mises au service des mutins et des responsables du mouvement insurrectionnel contre le troisième mandat présidentiel.

La levée de la mesure contre Isanganiro et Rema FM n’a toutefois été effective qu’après que les deux radios ont souscrit à un acte d’engagement auprès du Conseil national de la communication (Cnc) de travailler "plus professionnellement et dans l’intérêt de la paix".

A la veille de la journée internationale de la liberté de la presse, l’organe public de contrôle des médias est revenu à la charge, en édictant une série de mesures destinées à mieux réguler la profession journalistique au Burundi.

Un "registre national de communication" a été ouvert à cet effet pour que tous les journalistes exerçant au Burundi se fassent connaître et s’inscrivent en vue de l’obtention d’une "carte provisoire de presse".

Par ailleurs, le 31 mars de chaque année, au plus tard, les entreprises de presse sont désormais tenues de produire et transmettre au Cnc des rapports narratifs et financiers de leurs activités, en vertu de l’article 26 de la loi sur la presse qui aurait jusque-là était ignoré par les responsables des médias.