Pénurie "artificielle" des produits pétroliers au Burundi
Economie

PANA, 05 mai 2016

 Bujumbura, Burundi - La pénurie des produits pétroliers observée ces derniers temps a poussé jeudi le ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, à inspecter les différentes stations-service de Bujumbura dont la plupart ne servent plus les clients, "sans motif valable", et cela sans la rupture de stocks de carburant dans le pays, a-t-il assuré. [Photo : Longues files d’attente mercredi devant les stations service de la capitale, Bujumbura]

Des lamentations et de longues files d’attente des automobilistes ont néanmoins refait surface ces derniers temps au niveau des stations service du pays, sans que les pétroliers et les pouvoirs publics ne s’accordent sur l’origine exacte d’une telle crise au moment où les cours mondiaux de l’or noir peinent toujours à se relever d’une baisse historique.

De son côté, le ministre a maintenu que les stocks de carburant disponibles étaient toujours à des niveaux suffisants pour approvisionner normalement un pays où les pouvoirs publics s’attachent à minimiser l’impact d’une crise multiforme qui dure depuis plus d’un an et celui des sanctions financières de la Communauté internationale.

 

Le ministre a dit qu’il allait avoir une explication franche, vendredi, avec les pétroliers qui douteraient de sa bonne foi, en excluant pas de rompre les contrats de ceux d’entre eux qui se seront rendus coupables de pénuries organisées à des fins inavouées.

La fermeté du ministre de l’Energie, qui se familiarise encore avec le secteur, a été bien perçue dans les milieux des consommateurs burundais habitués à ce genre de pénuries organisées à des fins spéculatives, sur le dos du contribuable.

Le contrôle et la régulation des prix subventionnés des produits pétroliers étaient, jusqu’à la fin de l’année dernière encore, domiciliés au ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et du Tourisme.

D’autres, dans les milieux des consommateurs, ont accordé un bénéfice du doute aux opérateurs du secteur pétrolier qui disent faire face de plus en plus à de grandes difficultés d’accès aux devises fortes pour importer.

Les principaux bailleurs de fonds traditionnels étrangers, l’Union européenne (Ue), en tête, ont décidé de se retirer du Burundi suite à une crise politique en cours depuis plus d’un an, rendant du coup difficile la réponse à toutes les demandes en devises fortes auprès des caisses de l’Etat, reconnaît-on du côté du pouvoir.

La levée de ces sanctions est toujours conditionnée à un dialogue sincère et résolu de sortie d’une crise à la fois politique, économique, sécuritaire et humanitaire, entre tous les acteurs concernés.

Les opposants radicaux misent sur les effets des sanctions de la Communauté internationale pour faire fléchir le pouvoir burundaise sur son refus du dialogue inclusif de tous les protagonistes de la crise.

Des analystes indépendants à Bujumbura trouvent également qu’il y a urgence à dialoguer pour que l’approvisionnement ne soit totalement bloqué à court terme dans un pays dépendant à plus de 50% des aides financières de la Communauté internationale.

Les ménages assistent déjà impuissants à des pénuries et à des hausses des prix immodérées sur les produits transportés, parfois dans des proportions allant du simple au double sur les marchés locaux.

C’est notamment le cas de la très demandée pomme de terre, en partie importée du Rwanda voisin, qui est devenue une denrée rare et chère sur les marchés de la capitale et poumon économique du pays.