Burundi : au moins 100 personnes arrêtées dans des rafles quasi-quotidiennes
Droits de l'Homme

@rib News, 13/05/2016 – Source AFP

Une centaine de personnes ont été arrêtées vendredi dans le quartier contestataire de Musaga, dans le sud de la capitale du Burundi, pays en crise où les forces de sécurité ont multiplié les rafles ces dernières semaines, selon des témoins et des membres de l'administration.

Le maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, a justifié ces opérations par la nécessité de "contrôler et de parvenir à maîtriser les mouvements de la population".

Des dizaines de policiers et de soldats ont arrêté les hommes et jeunes gens qui allaient au travail ou à l'école très tôt vendredi, alors que d'autres forces de sécurité sont rentrés dans les maisons et ont arrêté ceux qui se trouvaient à l'intérieur, selon plusieurs témoins.

"Ils ont pris tous les hommes, les jeunes gens et même des élèves en uniforme qui allaient à l'école", a raconté une femme, dont le mari et les deux fils ont été emmenés.

Elle a dénoncé la "brutalité" des forces de l'ordre pendant l'arrestation : "Ils rudoient tout le monde, vous insultent lorsque vous ouvrez la bouche, donnent des gifles. Nous vivons dans la terreur de voir les nôtres partir et ne plus revenir car ces arrestations massives ont lieu presque tous les jours", a-t-elle ajouté, requérant l'anonymat pour préserver sa sécurité.

Dans une opération similaire, vendredi matin également, des dizaines d'hommes et de jeunes gens ont été arrêtés dans la commune de Mugamba, dans la province de Bururi (sud), une des zones les plus troublées du pays, selon des témoins.

Mercredi déjà, soldats et policiers ont arrêté plus de 100 personnes à Bujumbura. La majorité a été relâchée très rapidement mais quatre d'entre elles, selon la police, une dizaine, selon des témoins, ont été retenues et sont aujourd'hui incarcérées.

Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 pour un troisième mandat.

Réélu en juillet, il est accusé par l'opposition, la société civile et une partie de son propre camp d'avoir ainsi violé la Constitution et l'accord d'Arusha qui mit fin à la guerre civile entre 1993 et 2006 (300.000 morts).

Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.