La police nationale innove dans la lutte contre la corruption au Burundi
Société

PANA, 26 mai 2016

Bujumbura, Burundi - La dernière trouvaille en date dans la lutte contre la corruption est que les principaux points de contrôle routier sont jalonnés, depuis peu, de petits panneaux posés aux pieds des agents de l'ordre et qui les engagent à bannir à jamais ce phénomène social répandu dans leurs pratiques quotidiennes, peut-on lire au détour d’une sortie dans la rue à Bujumbura, la capitale burundaise, et le long des grands axes de l’intérieur du pays.

Les concertinas et autres agents de l’ordre, le doigt sur la gâchette, étaient récemment encore les symboles les plus visibles des pouvoirs publics dans la rue à cause d’une violente crise politique de plus d’un an au Burundi.

Le voyageur remarque, en outre, que des chefs de la police de roulage sortent plus qu’avant ces derniers temps les quittances pour coller des amendes aux automobilistes coupables de manque de papiers en ordre, de mauvais chargement, d’excès de vitesse ou encore d’usage du téléphone mobile au volant, quand ce n’est pas pour omission de serrer la ceinture de sécurité.

La campagne dure depuis plus d’un mois et le montant des amendes déjà rentrées, cette fois, non pas dans les poches des agents de l’ordre, mais dans les caisses de l’Etat, s’élève à 150 millions de francs burundais (plus de 100.000 dollars américains), dit-on du côté des services du ministère de la Sécurité publique à Bujumbura.

Le résultat "satisfaisant" a été décliné par le ministre burundais de la Sécurité publique, Alain Guillaume Bunyoni, cité par la radio nationale depuis le nord du pays où il galvanisait, jeudi, des responsables régionaux de la police.

La dernière enquête en date (juillet 2015) d’Afrobaromètre montre cependant le chemin de la lutte contre la corruption reste long dans pratiquement tous les secteurs, à commencer par la police nationale, suivie de la magistrature et de l’office burundais des recettes (Obr, gouvernemental).

Afrobaromètre est un réseau de recherche non partisan qui mène régulièrement des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques et d’autres questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique, dont le Burundi.

La majorité des citoyens burundais trouve que les performances gouvernementales dans la lutte contre la corruption restent faibles.

Par contre, une légère majorité des citoyens a estimé que l’on pouvait entreprendre des actions anti-corruption, notamment en refusant de payer les pots de vin et en dénonçant la corruption lorsque le citoyen y est confronté.

D’autres répondants (81% des citoyens) ont pensé et estimé que la presse était mieux placée pour dénoncer et publier régulièrement les cas de corruption.