Burundi : La coalition d’opposition CNARED veut faire le ménage en son sein
Politique

@rib News, 31/05/2016

Après le premier round du dialogue inter burundais tenu à Arusha du 21 au 24 mai dernier, la direction de la plateforme d’opposition CNARED, non conviée en tant que telle à ces assises, s’apprête à prendre des mesures contre certains partis de ses membres qui ont répondu à l’invitation individuelle de la Médiation, apprend-on à Bruxelles d’une source bien informée.

Le Bureau du CNARED examinerait en ce moment comment faire le ménage en son sein en prenant des sanctions, pouvant aller jusqu’à l’exclusion, contre certains partis comme le Sahwanya-FRODEBU, l’UPD-Zigamibanga et le CNDD-Nyangoma, accusés d’avoir ignoré le mot d’ordre de boycott de la rencontre d’Arusha décrété par les nouveaux dirigeants de la coalition.

On rappelle que plusieurs partis et personnalités membres du CNARED – à savoir UPRONA-Nditije, Sahwanya-FRODEBU, CNDD-Nyangoma, UPD-Zigamibanga et PAJUD, ainsi que les anciens présidents Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye - ont bel et bien répondu à l’invitation du médiateur tanzanien Benjamin Mpaka, et participé aux consultations d’Arusha. Le MSD d’Alexis Sinduhije a été le seul parti du CNARED à avoir décliné l’invitation.

Après le départ fracassant du CNDD-FDD Epris du Respect de la Loi, d’Hussein Radjabu, qui a claqué la porte du CNARED le 14 mai dernier, on imagine mal l’exclusion des partis qui se sont rendus à Arusha, car la coalition signerait ainsi son implosion tout simplement. En effet sans les principaux partis d’opposition, que resterait-il donc dans cette plateforme ? Une coquille vide, disent certains.

Mais selon les observateurs, le tout nouveau président du CNARED, Dr Jean Minani, doit poser au plus vite un acte fort afin de prouver à la Médiation qu’il contrôle bien ses affiliés et peut donc parler en leur noms à tous. Après son éviction de son propre parti, l’ancien président du FRODEBU-Nyakuri fait donc face à un dilemme : Exclure les participants d’Arusha ou fermer les yeux sur leur "insubordination flagrante".

Exclure les principaux partis de la coalition signerait à coup sûr la mort du CNARED. Dr Jean Minani va-t-il franchir le Rubicon ? Rien n’est moins sûr, sauf à admettre que c’est son objectif de départ, comme l’affirment ses détracteurs l’accusant de vouloir créer un CNARED-Nyakuri, expurgé des "véritables opposants".

Ne rien faire équivaudrait à acter sa propre faiblesse face aux fortes têtes et son incapacité à gérer les membres de la plateforme où la cacophonie semble régner depuis sa prise de fonction et l’annonce des assises d’Arusha.

Le Bureau du CNARED serait à la recherche d’une troisième voie pour sauver la face. Selon notre source, les partis et personnalités qui se sont rendus à Arusha se verraient ainsi proposés de faire amende honorable et jurer qu’ils n’iront plus aux négociations sous leurs propres étiquettes. Sinon en tirer eux-mêmes les conséquences. En un mot : rentrer dans les rangs ou partir.

On imagine mal ces personnalités et partis politiques, qui ont rencontré la Médiation à Arusha et se sont engagés à prendre part à la suite des consultations, faire volte-face et renier leur parole. La prochaine réunion du Directoire du CNARED, annoncée dans quelques jours en Belgique, risque donc d’être fort houleuse. Affaire à suivre … [MG]