Inquiétudes sur des règlements de comptes entre particuliers au Burundi
Sécurité

PANA, 31 mai 2016

Bujumbura, Burundi - Le ministère de la Sécurité publique a annoncé, mardi, l’ouverture d’une enquête "urgente" sur la nouvelle forme de criminalité marquée par des «règlements de comptes entre particuliers», tout en rassurant qu’ils n’avaient rien à voir avec la crise politique et sécuritaire persistante depuis plus d’un an au Burundi.

Les services du ministère de la sécurité publique avaient devancé, dernièrement, les enquêtes sur un récent assassinat d’un colonel retraité des forces armées burundaises, reconverti en fermier, Lucien Rufyiri, suivi, le lendemain, de l’enlèvement d’un commissaire de police, Jérôme Ndikuriyo, en attribuant ces deux forfaits à des conflits fonciers.

Des voix dans l’opinion se sont montrées peu convaincues et craignent plutôt la recrudescence des assassinats ou tentatives d’assassinats politiquement motivés qui ont eu lieu dans un passé encore récent au sein des corps de défense et de sécurité.

Le cas le plus emblématique de la contagion de la crise politique jusqu’au sein des corps de défense et de sécurité a été la tentative d’assassinat à laquelle avait échappé miraculeusement, l’année dernière, l’actuel chef d’état-major général de l’armée, le général Prime Niyongabo.

C’est encore au plus fort de la crise qu’une partie de l’armée et de la police nationale avait tenté un coup de force, au plus fort de l’insurrection populaire contre le troisième mandat présidentiel auquel l’opposition attribue généralement l’origine du désordre sécuritaire et politique actuel au Burundi.

Cette fois, le communiqué rassure et laisse entendre que la situation a fini par revenir à la normale, tandis que les actes criminels constatés ces derniers jours sont « essentiellement motivés par des règlements de comptes entre particuliers et n’ont rien avoir avec les motivations politiques que les mauvaises langues prétendent leur attribuer».

Parmi les "mauvaises langues", le communiqué met en avant Radio France internationale (Rfi) et son correspondant, Esdras Ndikumana, qui continue à couvrir l’actualité dans le pays d’origine depuis son exil au Kenya, et les activistes des réseaux sociaux, tous accusés de «diviser les Burundais et de promouvoir le crime et la violence».

Le texte du communiqué condamne «avec énergie» toute personne qui, «devançant sciemment le cours normal des enquêtes, attribue chaque acte criminel à qui elle veut pour justifier son penchant, ses intérêts et convictions politiques à peine voilés».

Convaincu du retour à la normale de la situation sécuritaire du pays, le pouvoir burundais a repoussé à maintes reprises l’idée d’une force étrangère de prévention et de protection des civils au Burundi, estimant qu’il était en mesure de le faire à leur place, contre l’avis de l’opposition craignant toujours un retour à une nouvelle guerre civile après celle de 1993 à 2006 au rythme où s’enlise la crise.