Montpellier : Miss Africa locale est burundaise
Diaspora

Midi Libre, 06/06/2016

Elue samedi 4 juin, Miss Africa Montpellier est burundaise. Elle parle d'ici et d'ailleurs.

Seule face à 500 personnes, samedi soir au sein de la salle Pagézy, Kelliah clame son poème avec conviction. "C'est un texte qui fait référence aux tambours du Burundi, l'emblème de mon pays, explique la jeune femme âgée de 21 ans. Lorsqu'ils se taisent, cela signifie que la nation se trouve dans une situation compliquée. Comme en ce moment, où mon peuple n'a pas le droit de manifester contre son président, qui se représente une troisième fois alors qu'il n'en a plus le droit." [Photo : Kelliah Kanyamuneza (centre) en compagnie des 1ère et 2ème dauphines, Miss Niger et Miss Côte d'Ivoire.]

Kelliah a séduit par sa douceur, son regard et son poème

Aussi, cette étudiante à l'École supérieure de tourisme à Montpellier pose-t-elle un regard admiratif sur la mobilisation française contre la loi Travail. "Nos chers élus n'ont pas le droit de nous imposer des choses contre notre gré. Et le peuple a le pouvoir de changer les choses."

C'est sûrement cette prise de position qui a décidé le jury dans l'attribution de la couronne de Miss Africa Montpellier 2016 à mademoiselle Kanyamuneza, candidate parmi une quinzaine provenant de toute l'Afrique francophone, du Sénégal aux Comores. Car si, dans ce concours qui fêtait, samedi, sa première édition, la beauté physique est importante, elle n'est pas la seule qualité exigée.

"Nous évaluons surtout la capacité des participantes à représenter l'élégance et la culture africaines", explique Maxime Okoye, président de l'association CALR (Centre africain Languedoc-Roussillon), organisatrice de l'événement. "Kelliah a aussi séduit le jury par sa douceur, son regard et sa capacité à donner une image classe de la femme africaine", renchérit Maxime.

Destination Ouganda

Il faut dire que, du haut de son 1,78 m, la Burundaise a l'habitude des concours de beauté. "Dès l'âge de 15 ans, je me présentais à Bujumbura, la capitale. J'adore ces moments, car je peux rencontrer des gens, discuter avec eux." Kelliah en aura l'occasion durant un an, puisque son titre de Miss Africa Montpellier implique sa participation à plusieurs manifestations locales, notamment Octobre rose, qui sensibilise à la lutte contre le cancer du sein. Entre-temps, Kelliah souhaite voyager. Elle en aura l'occasion.

Car, outre son écharpe, elle a également remporté un billet d'avion aller-retour pour la destination africaine de son choix. Et c'est pour l'Ouganda qu'elle a opté. "Je vais faire une surprise à mon frère qui m'a toujours soutenue", explique celle dont toute la famille est restée au Burundi. Avant, peut-être, d'enchaîner sur une profession qui la mènera d'un bout à l'autre de la planète. La Montpelliéraine (depuis quatre ans) pourra ainsi prêcher la bonne parole, celle de la liberté d'expression. Histoire de réveiller les tambours.

SÉBASTIEN HOEBRECHTS