Burundi : la Police déjoue un trafic de traite d’êtres humains vers des pays du Golfe
Sécurité

PANA, 07 juin 2016

De jeunes Burundaises victimes d’un trafic des temps anciens dans des pays du Golfe

Bujumbura, Burundi - Au moins dix jeunes filles burundaises sont utilisées à des corvées diverses dans des pays du Golf où elles ont été acheminées puis vendues par des trafiquants nationaux et étrangers à des fins lucratives, a-t-on appris, mardi, de source policière à Bujumbura.

Les pays de destination sont principalement l’Arabie Saoudite et le Sultanat d’Oman, d’après le porte-parole de la Police nationale, Pierre Nkurikiye, cité par la radio publique.

Le trafic continue et les forces de l’ordre ont encore déjoué in extremis, lundi, le plan d’un réseau de trafiquants composé d’un enseignant burundais, de deux Kényans, dont une femme, au niveau de la Police de l’air, des frontières et des étrangers (Pafe) à Bujumbura où ils encadraient quatre jeunes filles venues de l’intérieur du pays à la recherche de titres de voyage.

Dans leur répartition des tâches, l’enseignant, perdu au fin fond du Nord burundais, se chargeait de recruter et de trouver de fausses pièces d’identité nationale, tandis que les étrangers s’occupaient des passeports nécessaires à exporter les enfants qui ne paraissaient pas avoir 20 ans, à en croire toujours le porte-parole de la Police burundaise.

Arrivées à destination, les jeunes filles sont soumises à une vente aux enchères en règle, « tels des animaux ou des objets », par d’autres intermédiaires éthiopiens et un Tanzanien basés sur place dans les pays de destination finale, d’après toujours le responsable policier, citant le témoignage d’une ancienne « esclave » affranchie suite à son appel au secours.

Le phénomène ne date pas d’hier et vers la fin de 2013, le Parquet général de la République du Burundi avait annoncé l’ouverture d’un dossier répressif qui n’a pas encore livré les secrets sur la traite et le trafic des êtres humains, en général et le trafic des enfants, en particulier.

En 2014, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (Cnidh) s’était saisie, à son tour, de la question en commanditant l’une des enquêtes les plus fouillées encore d’actualité sur le trafic et l’exploitation des enfants au Burundi.

La Cnidh a trouvé que les enfants victimes de l’exploitation et du trafic provenaient, dans la plupart des cas, des zones rurales à travers tout le pays et des quartiers pauvres des zones urbaines et de la capitale, Bujumbura.

La majorité des enfants était des orphelins et autres enfants vulnérables appartenant à des familles pauvres et pour les convaincre, les trafiquants recouraient à différents astuces, comme avoir du travail, une bourse d’études à l’étranger et une possibilité de participer à un séminaire, à une croisade de prière ou d’être adoptés.

Des téléphones et ordinateurs portables, de l’argent suffisaient encore pour allécher les candidats pauvres et naïfs à l’émigration, selon la même source. Cependant, quelques cas d’enfants issus des familles riches victimes d’exploitation sexuelle et de la traite internationale étaient aussi rapportés.

A destination, surtout dans les pays du Golf, les enfants subissaient la prostitution et autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage et les pratiques analogues à l’esclavage ainsi que le prélèvement d’organes.

Les nombreux pays vers lesquels partaient ou transitaient les enfants burundais étaient principalement la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Rwanda, le Kenya, la Zambie, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, le Malawi, l’Afrique du Sud et plus loin encore la Norvège, l’Australie et les USA, d’après toujours la Cnidh.