Démantèlement sans ménagement du commerce ambulant à Bujumbura
Economie

PANA, 13 juin 2016

Recours à la force publique pour assainir les activités socio-économiques dans la capitale burundaise

Bujumbura, Burundi - Une campagne d’assainissement des activités socio-économiques dans la municipalité de Bujumbura a démarré, lundi, par le démantèlement sans ménagement du commerce ambulant ou par terre et par la destruction des constructions anarchiques sous la supervision des services administratifs et policiers, a-t-on constaté sur place dans la capitale burundaise.

La grogne était assourdissante, surtout du côté des nombreuses vendeuses de conditions modestes qui s’étaient rendues célèbres, dans un passé encore récent, par une résistance farouche aux assauts répétés de la Police pour faire partir des occupants indus du centre-ville.

Des attentats aveugles sur la place publique, par ces temps d’une violente crise politique au Burundi, ont déjà fait de nombreuses victimes parmi les vendeuses de fruits et légumes du centre-ville de Bujumbura, sans toutefois parvenir à les décourager.

Cette fois encore, des considérations sécuritaires n’ont pas été exclues par certains témoins d’opérations de fouilles-perquisitions auxquelles se livrait, lundi, la Police dans plusieurs quartiers de Bujumbura et épicentre de la crise, en cours depuis plus d’un an.

Le maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa a, toutefois, tenu à lever l’équivoque, en précisant que sa mesure visait simplement la remise de l’ordre dans la capitale où d’autres centres de négoce ne manquent pas pour qui veut faire du commerce en toute légalité.

Le responsable administratif a également évoqué des raisons de propreté de la ville où ne cessaient de s’amonceler des ordures au coin de la rue.

La nouvelle mesure vient s’ajouter à une autre qui n’avait pas été bien comprise de toute l’opinion quand la municipalité avait annoncé, en début d’année, la fermeture des différents marchés de la capitale, officiellement pour les besoins de leur rénovation, reléguant les commerçants sur des terrains vagues par endroits insalubres.

Un nouveau marché public a été ouvert, à la périphérie nord-ouest de la ville, pour remplacer celui plus grand du centre-ville parti en fumée, il y a trois ans, mais sans attirer du monde à ce jour.

Le maire de Bujumbura a orienté ceux qui vivaient jusque-là du petit commerce vers le nouveau marché périphérique, sans toutefois faire taire la grogne.

"Avec un capital de 10.000 francs burundais (6 dollars US) et des taxes exorbitantes, dans quel marché veut-on nous envoyer pour exercer une activité commerciale capable de nous faire vivre ?", s’est interrogée une vendeuse désemparée, mettant en garde contre le risque de faire la part belle à la prostitution par la prise de telles mesures administratives radicales.

Un remue-ménage a été également observé, lundi, le long du lac Tanganyika, bordant la capitale burundaise où des constructions anarchiques ont été détruites, officiellement pour protéger l’environnement et les populations riveraines régulièrement installées, a expliqué le maire de la ville.

En outre, a-t-il avisé, toutes les personnes en situation de séjour irrégulier, ou sans activité connue en ville de Bujumbura, allaient être traquées et renvoyées dans les régions d’origine.

Un ultime combat va être mené contre la mendicité à laquelle se livrent certaines femmes indigentes, en utilisant leurs rejetons en bas âge, a avisé le maire.