Le Burundi promet une stratégie d'intégration sociale des albinos
Droits de l'Homme

@rib News, 14/06/2016 – Source Xinhua

Le Burundi se prépare à adopter une stratégie d'intégration sociale des personnes atteintes d'albinisme notamment en mettant fin aux crimes "odieux" perpétrés contre elles, a annoncé mardi à Bujumbura Martin Nivyabandi, ministre burundais des Affaires sociales et des Droits de la Personne humaine.

Le ministre Nivyabandi, qui s'entretenait avec Xinhua en marge d'une cérémonie dédiée à la deuxième journée internationale de sensibilisation sur l'albinisme, a précisé qu'une telle stratégie "permettra de mener des actions concrètes" en faveur d'une intégration effective des personnes albinos.

Au cours des douze derniers mois, a-t-il déploré, 23 personnes atteintes d'albinisme, ont déjà été assassinées au Burundi suite à des croyances "obscurantistes" selon lesquelles les organes des albinos procureraient de la chance en termes de prospérité économique.

"Le rejet des enfants albinos par leurs familles suite à ces croyances provoque souvent la dislocation familiale dans la mesure où une femme mariée devenue mère d'un enfant albinos est rejetée par son mari et se voit contrainte d'élever seule son enfant", a-t-il fait remarquer.

Le ministre Nivyabandi a saisi l'occasion pour inviter ses compatriotes à "faire preuve de tolérance en veillant à une bonne cohabitation dans la différence" et en intériosant bien que les personnes atteintes d'albinisme sont des humains comme eux.

"Les Burundais devraient comprendre que l'albinisme est une maladie rare, non transmissible et héréditaire, qui existe dans le monde entier, indépendamment de l'appartenance ethnique ou du genre", a-t-il souligné.

La stratégie gouvernementale envisagée, a-t-il expliqué davantage, vise aussi à "extraire de la pauvreté" les personnes atteintes d'albinisme embourbées dans des pratiques discriminatoires et stigmatisantes, en les impliquant de près dans les activités génératrices de revenus.

Il a invité également les personnes atteintes d'albinisme "à s'organiser dans une puissante association pour la défense de leurs droits vis-à-vis de leurs difficultés quotidiennes".

Le code pénal burundais, a-t-il annoncé par ailleurs, sera bientôt révisé pour punir très sérieusement tous les crimes commis ces derniers jours à travers le pays.

Selon le représentant du haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme au Burundi, Patrice Vahard, depuis 2014, le conseil de sécurité des Nations Unies a pris la décision de célébrer cette journée de sensibilisation sur la problématique de l'albinisme dans le monde, après avoir relevé, de 2000 à 2013, plus de 200 rapports d'homicides et de démembrement de personnes atteintes d'albinisme "à des fins rituelles" dans quinze pays dont le Burundi et la Tanzanie.

Selon le président de l'association des albinos du Burundi, Kassim Kazungu, même si l'ampleur des tueries des albinos a diminué au Burundi, "les crimes commis restent d'actualité et la peur reste immense chez les personnes atteintes d'albinisme".