Burundi : à Mugamba, la population redoute des arrestations arbitraires
Sécurité

RFI, 16-06-2016

Les habitants de Mugamba au Burundi redoutent des arrestations arbitraires et même des exécutions après la fin de l'ultimatum lancé par le président. Il y a deux semaines, Pierre Nkurunziza avait donné 15 jours aux rebelles pour se rendre et menacé d'utiliser la force une fois ce délai écoulé. L'ultimatum a expiré ce mercredi 15 juin.

Bilan de ces deux semaines depuis l'ultimatum lancé par Pierre Nkurunziza : quatre redditions, 26 arrestations et quelques armes saisies. La police l'a annoncé mercredi en publiant une liste de quatorze noms, quatorze hommes dans la ligne de mire des forces de sécurité. Parmi eux, on trouve deux militaires à la retraite.

La police les présente comme des criminels qui volent et pillent les habitants dans les environs de Mugamba, l'une des régions du Burundi dans lesquelles on signale le plus de violences. Plusieurs groupes armés y sont actifs mais les autorités insistent : il ne s'agit pas de groupes bien organisés, plutôt de bandits.

Depuis deux jours, des habitants de Mugamba assurent que des policiers arrivent à bord de pick-up, mais la police assure ne pas avoir envoyé de renforts dans la région. Elle confirme certains mouvements d'effectifs mais rien de plus que des actions de routine, selon le porte-parole de la police. Il ajoute que les habitants n'ont rien à craindre.

Cela ne suffit pas vraiment à rassurer pour l'instant. De nombreux jeunes de Mugamba ont fui ces derniers jours, à l'approche de la fin de l'ultimatum. Les autres ont passé la journée d'hier cachés. Ils disent craindre des arrestations arbitraires, voire même des exécutions. Selon eux, quand les policiers arrivent, les jeunes disparaissent.

Burundi: la présence policière fait peur aux habitants de Mugamba

Au Burundi, l'ultimatum lancé il y a deux semaines par Pierre Nkurunziza s’est achevé mercredi 15 juin. Le chef de l’Etat avait donné 15 jours aux rebelles de Mugamba (commune du sud du pays) pour déposer les armes. Sans cela, les autorités utiliseraient des méthodes musclées.

Alors que l’ultimatum a pris fin, la situation paraît plutôt calme. Mais la population n'est pas rassurée pour autant.

« Ce matin, ce n’est pas comme d’habitude. Dans la rue, on ne voit que des femmes, des personnes âgées. Sinon à part des élèves qui passent leurs examens, vraiment, c’est calme dans la rue. On ne peut pas se promener tranquillement à cause de la présence des policiers », raconte l’un des habitants de Mugamba.

La présence des policiers fait peur. En cause : il y a deux semaines, le président Nkurunziza avait prévenu qu'il utiliserait toutes les méthodes nécessaires pour rétablir la sécurité. Le porte-parole de la police assure pourtant qu'il n'y aura pas d'opération de grande ampleur. Pierre Nkurikiyé parle simplement d'actions ciblées contre 14 personnes. Il a donné leurs noms et expliqué que ces hommes devaient être arrêtés rapidement.

« Cela va être l'apocalypse »

« Les actions auront pour objectif d’arrêter les criminels bien identifiés. On demande à la population de la localité de rester tranquille. Ceux qui commettent ces crimes propagent des rumeurs comme quoi cela va être l’apocalypse. Les rumeurs font qu’il y a des familles qui veulent faire fuir leurs enfants vers d’autres localités. Il y a même des gens qui veulent fuir la province », explique le porte-parole de la police.

Le porte-parole de la police précise que quatre personnes se sont rendues avant la fin de l'ultimatum. 26 autres ont été arrêtées à Mugamba, Burambi, Matana et Rumonge. Selon lui, il s'agit de criminels sans aucune revendication, et non des membres de groupes organisés.