De jeunes entrepreneurs retrouvent le chemin vers l'éducation au Burundi
Economie

UNESCO, 16.06.2016

Mon nom est Japhet Bigirimana. J’ai 22 ans et je suis originaire de la province de Bujumbura-Mairie au Burundi.

Je viens d’une famille très pauvre de douze enfants. L’argent se faisait tellement rare que parfois nous n’avions même pas de quoi manger ou acheter des nécessités de base comme le savon. Ma mère est décédée quand j’étais en CM1. Je n'ai pas eu d'autre choix que d'abandonner l'école car nous ne pouvions plus payer les uniformes, le matériel et les frais de scolarité. La vie est devenue très difficile.

J’étais déterminé à poursuivre mes études alors j’ai commencé à entreprendre des petits boulots pour gagner un peu d'argent, comme aller chercher de l'eau pour les voisins. Je ne gagnais qu’une petite somme, mais en rassemblant toutes ces économies, je me suis rendu compte que j’étais en mesure de payer pour mes uniformes, livres, cahiers et stylos. Je suis alors retourné à l'école, mais j’étais le seul de mes frères et sœurs à avoir cette chance.

Au moment d’entrer à l'école secondaire, la question des frais de scolarité est à nouveau devenue problématique et j’ai dû affronter la réalité : cette fois, je ne pouvais pas y aller.  Avec d’autres jeunes dans la même situation, nous avons alors eu l’idée de créer notre propre organisation pour nous permettre de payer notre scolarité. Nous l’avons appelée Ikangure (Réveillez-vous !).

Après quelques recherches dans le quartier, mes amis et moi avons mis en commun nos ressources pour acheter des produits de base comme du savon et des cacahuètes que nous pouvions revendre avec un petit bénéfice. Avec un capital de démarrage de seulement 5000 francs (près de 3 euros), l'entreprise a si bien fonctionné que nous avons très vite réussi à économiser 700.000 francs (350 euros).

Cela peut sembler peu, mais pour nous, c’était d'une grande aide. Cela nous a permis de retourner à l'école, d'acheter les uniformes et les livres dont nous avions besoin et, par-dessus tout, j’ai pu envoyer tous mes frères et sœurs à l'école !

Depuis l'organisation s’est élargie pour offrir aux jeunes une formation en compétences entrepreneuriales et en résolution de conflits. Nous organisons également des productions théâtrales et des matchs de football sous le thème de la « cohésion sociale ».

Nous avons commencé neuf autres initiatives similaires pour aider d'autres jeunes dans diverses parties du Burundi et notre but ultime est de devenir une organisation nationale ! C’est surprenant de voir tout ce qu’un groupe de jeunes dévoués et déterminés peut accomplir !

………………………………………………………………………………………………………

A l’occasion de la Journée de l'enfant africain 2016 (le 16 juin), nous voulons souligner le travail précieux de Japhet, et tant d'autres jeunes femmes et hommes qui, comme lui, conduisent au changement et revendiquent leurs droits d'apprendre, de travailler et de participer aux décisions qui les touchent.

A travers diverses initiatives, le Programme Jeunesse de l'UNESCO continue à soutenir les jeunes comme Japhet pour incarner le changement qu'ils souhaitent voir à travers le monde.

Le Programme Jeunesse travaille sur le développement de programmes et de politiques qui créent un environnement bénéfique fondé sur les droits de l’homme où les jeunes peuvent prospérer, exercer leurs droits, retrouver de l'espoir et un sens de la communauté, et s'engager comme acteurs et innovateurs sociaux responsables.

(Communiqué de presse) - Secteur des sciences sociales et humaines