Des sociétés burundaises et kényanes dans un trafic d’êtres humains
Sécurité

PANA, 19 juin 2016

11 "sociétés écran" impliquées dans une récente vente à l'étranger de jeunes filles burundaises

Bujumbura, Burundi - La Police nationale des mineurs a fait état, dimanche, de sept arrestations déjà opérées au niveau des responsables de 11 sociétés burundaises et kényanes impliquées dans le trafic à des fins lucratives de 267 jeunes filles burundaises, depuis le 19 avril dernier, à destination de l’Arabie Saoudite et du Sultanat d’Oman.

D’autres sources indépendantes impliquées dans la défense des droits des enfants avançaient jusque-là le chiffre encore plus impressionnant d’au moins 3.000 jeunes filles du pays, essentiellement des milieux villageois indigents, qui ont déjà fait l’objet d’exportation à l’étranger depuis des années.

Les rumeurs les plus insistantes mettaient surtout en cause la société "Royal services" et le porte-parole de la police nationale, Pierre Nkurikiye, a donné raison aux détracteurs de la société qui, à elle seule, a trafiqué 209 des 267 jeunes filles burundaises depuis avril 2016.

La société a encore le tort d’être « fictive » et son directeur général présumé, Ali Niyonkuru, figure parmi les personnes qui ont été appréhendées pour plus d’enquêtes, a précisé le porte-parole de la police nationale.

La même source a indiqué que trois des sociétés de trafic prohibé d’êtres humains, ont été localisées à Bujumbura, la capitale burundaise, et travaillaient en réseau avec une autre compagnie établie au Kenya, quatre en Arabie saoudite et trois dans le Sultanat d’Oman.

Lors des fouilles-perquisitions dans les locaux des sociétés écran à Bujumbura, la police a dit avoir mis la main sur 19 passeports de candidates sur le point de prendre l’avion pour se vendre à l’étranger.

Les identités des filles, généralement mineures, sont souvent falsifiées afin de les faire passer pour des adultes pouvant sortir librement du territoire national, d’après toujours M. Nkurikiye.

Le porte-parole de la police avait dernièrement ému l’opinion en faisant état d’au moins une jeune fille burundaise déjà morte suite au mauvais traitement subi dans l’un des pays du Golf.

La même source, citant une rescapée de la traite humaine, avait décrit une "vente aux enchères dignes d’objets ou du bétail" à laquelle sont généralement soumises les jeunes filles burundaises, une fois arrivées à destination.

Le salaire mensuel de la rescapée tournait autour de 300.000 francs burundais (l’équivalent en Rail, l’une des principales monnaies des pays du Golf arabique), avait-elle témoigné, en avouant que le montant était "plus qu’alléchant" par rapport à ce que perçoit généralement une « Bonne » au Burundi (moins de 10 dollars américains, le mois).

La contrepartie de ce salaire était d’accepter "toutes sortes de corvées ménagères, y compris le viol, et cela 24 heures sur 24 heures", selon encore son témoignage.