Des experts onusiens doutent de la stabilité "à court terme" au Burundi
Droits de l'Homme

PANA, 21 juin 2016

Bujumbura, Burundi - Des experts des Nations unies en droits humains ont achevé, samedi, leur seconde mission d’enquête sur des doutes quant à la stabilité du Burundi "à court terme" du fait de la persistance des violences "comme instrument politique" et de l'absence d'un "dialogue sincère" entre les parties concernées pour redresser la situation.

Les experts, qui étaient là en mars dernier, se composaient du Sud-africain Christof Heyns, rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, l’Algérienne Maya Sahli-Fadel, rapporteur spécial de l’Union africaine (Ua) sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants et les personnes déplacées, et le Colombien Pablo de Greiff, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion de la vérité, la justice, la réparation et des garanties de non-répétition.

Au cours de leur visite de travail d’une semaine au Burundi, les experts ont rencontré différents acteurs politiques du pays, des membres de la société civile, des victimes de violations des droits de l’homme, des responsables d’organisations humanitaires locaux et des Nations unies, puis visité Mpimba, la prison centrale, à Bujumbura, la capitale.

Le chef de la mission, Christof Heyns, a trouvé que, globalement, "le calme relatif ne doit pas être confondu avec la stabilité du Burundi à long terme".

"De graves préoccupations subsistent et il n’y a aucun signe que les disparitions forcées et la torture vont diminuer au regard de la persistance de l’impunité de graves violations du passé et du présent" au Burundi, a-t-il insisté.

L’expert onusien a encore noté que « beaucoup de prisonniers politiques demeurent enfermés» et la nouvelle tendance consiste à procéder à des "arrestations massives de gens ordinaires, y compris des enfants".

"Dans plusieurs régions du pays, des écoliers ont été arrêtés ou suspendus de leurs établissements scolaires parce que leurs livres comportaient des gribouillis sur des photos du chef de l’Etat", a-t-il dit pour illustrer son propos.

Certains de ces écoliers risquent des peines de cinq à 10 ans de prison et "nous allons suivre de près ces cas ainsi que les actions qui seront prises par la commission nationale des droits de l’homme à cet égard", a avisé M.Heyns.

Sa consœur, Mme Maya Sahli-Fadel, de son côté, s’est dit particulièrement peinée par "l’état de désarroi" de la société civile indépendante qui n’a plus vu d’espace d’expression au Burundi.

D’autres organisations de la société civile restent sous le coup de la suspension et celles qui fonctionnent encore le font dans un "climat de peur et l’intimidation", a-t-elle déploré.

"Certains leaders, que nous avions rencontrés au cours de la dernière visite au Burundi, ont fini par fuir le pays ou ont maintenant trop peur de nous parler à visage découvert", a enchaîné Mme Sahli Fadel.

Dans les prévisions, les trois experts indépendants doivent présenter leur rapport final au conseil des droits de l’homme des Nations unies, en septembre prochain.