La diplomatie panafricaine reprend son bâton de pèlerin au Burundi
Diplomatie

PANA, 23 juin 2016

Bujumbura, Burundi - Une délégation de 15 membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) est arrivée mercredi soir à Bujumbura pour une visite de travail de trois jours au Burundi, centrée sur l’évaluation de la situation de crise politique depuis la dernière mission historique, en février dernier, d’un "Panel de très haut niveau" de cinq chefs d’Etat du continent, apprend-on de source diplomatique dans la capitale burundaise.

La délégation est conduite par le représentant permanent du Congo-Brazzaville auprès de l’UA, Lazare Makayat Safouesse, et compte rencontrer plusieurs acteurs-clés dans la recherche de la paix au Burundi, notamment le chef de l’Etat, Pierre Nkuzunziza, certains représentants de partis politiques et de la société civile encore présents dans le pays ainsi que les responsables de différentes confessions religieuses, précise l’agenda de la visite.

La visite des membres du Conseil de paix et de sécurité de l’UA intervient au moment où on observe une amorce d’un dialogue inter-burundais, sous la houlette de l’ancien chef de l’Etat tanzanien, Benjamin William M’Kapa, muni d’un mandat de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), avec l’appui de l’UA, de l’UE et des Nations unies.

Le nouveau facilitateur a déjà mené des consultations séparées avec les représentants du pouvoir burundais et des responsables en exil du Conseil national pour la défense de l’accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation et pour la restauration de l’Etat de droit (CNARED, principale plate forme de l’opposition).

Les initiatives diplomatiques de l’UA s’étaient raréfiées depuis la dernière visite historique, en février de cette année, d’un « Panel de très haut niveau » de cinq chefs d’Etat du continent qui avait été précédée, deux jours avant, par celle du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et des représentants du Conseil de sécurité de l’ONU, quelques semaines plus tôt.

Le travail d’une poignée d’observateurs civils et militaires de l’UA se fait également dans la « discrétion » au Burundi, relève-t-on dans les milieux des défenseurs des droits humains à Bujumbura.

A l’époque, le panel africain était conduit par l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, accompagné de ses homologues mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, sénégalais, Macky Sall, gabonais, Ali Bongo Ondimba, et du Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, avec un mandat d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’UA, fin janvier dernier, à Addis-Abeba, en Ethiopie.

La mission de très haut niveau avait pour objectif d’inciter à un dialogue inclusif, approfondir les consultations avec les différents acteurs politiques burundais sur une proposition du Conseil de paix et de sécurité de l’UA de dépêcher une « Mission africaine de prévention et de protection au Burundi » (MAPROBU), forte d’au moins 5.000 militaires et policiers.

Le projet sécuritaire est mort-né, suite à une farouche opposition et des menaces de combattre la MAPROBU en tant que « force étrangère d’invasion » aux yeux du pouvoir burundais.

Sur le plan politique, le pouvoir refuse jusqu’à présent de discuter avec les responsables du CNARED qui ont eu un rôle à jouer dans une tentative de coup d’Etat en mai 2015 et dans les violences persistantes au Burundi.

Les violences ont éclaté lorsque le président Nkurunziza a annoncé sa candidature, en avril 2015, à un troisième quinquennat depuis 2005, en violation de la Constitution ainsi que l’accord d’Arusha, aux yeux de l’opposition, la société civile et une partie du camp présidentiel.

Plus de 400 personnes ont été tuées depuis et près de 270.000 autres sont parties en exil forcé dans les pays voisins, essentiellement en Tanzanie et au Rwanda.