HRW appelle à une commission d’enquête internationale indépendante au Burundi
Droits de l'Homme

Human Rights Watch, 29 juin 2016

Dialogue interactif sur le rapport du Haut-Commissaire au sujet du Burundi

Déclaration émise en vertu de l'article 10

Merci Monsieur le Président,

La situation généralisée de non-droit dans la capitale du Burundi, Bujumbura, s’est propagée à travers le pays. Au cours des derniers mois, des informations de plus en plus nombreuses ont fait état de brutalités commises par les services de renseignement burundais, qui sont accusés d’arrestations arbitraires et de tortures à l’encontre d’opposants présumés. Des membres de la police et de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, appelés Imbonerakure, sont également impliqués dans de graves abus, notamment des viols. 

Des agents des services de renseignement et d’autres individus ont versé du plastique fondu sur les victimes, noué des cordes à leurs parties génitales et les ont tirées, ont frappé leurs victimes avec des barres de métal et les ont soumises à des chocs électriques. Un homme qui a été torturé par un membre des services de renseignement a déclaré à Human Rights Watch : « Ils m’ont torturé avec un câble. Ils l’ont enroulé autour de ma jambe. J’étais assis à côté d’une prise électrique où ils ont branché le câble. Ils le branchaient et le débranchaient, m’envoyant des décharges électriques, tout en me posant des questions. »

Les agents des services de renseignement accusent souvent les détenus de collaborer avec les rebelles ou de cacher des armes, et tentent de les forcer à avouer ces délits présumés.

Bien que ne disposant d’aucun pouvoir légal d’arrestation, certains Imbonerakure ont arrêté des personnes en présence de membres de la police, de l’armée et d’autorités aux postes-frontières, les accusant de collaborer avec des groupes armés burundais au Rwanda. LesImbonerakure les ont battues et les ont remises aux services de renseignement, qui ont torturé certaines d’entre elles.

Dans certaines provinces, des Imbonerakure ont soumis des femmes à des viols collectifs dans leurs propres maisons, dans le cadre d’attaques contre des opposants présumés. Des membres de la police – ou des hommes vêtus d’uniformes de la police – ont également violé des femmes. Certaines femmes ont été violées alors qu’elles tentaient de franchir la frontière vers la Tanzanie.

Les autorités burundaises ont fait preuve d’un mépris flagrant à l’égard des droits humains depuis que la crise a éclaté en avril 2015. Les actes de torture généralisés et autres graves violations devraient inciter le Conseil des droits de l’homme à réexaminer l’appartenance du Burundi au Conseil.

En outre, le Conseil devrait demander d’urgence la création d’une commission d’enquête internationale indépendante chargée d’enquêter sur les graves violations commises au Burundi depuis avril 2015 – notamment les actes de torture et les violences sexuelles – et soutenir les efforts des rapporteurs spéciaux de l’ONU.  Cette commission devrait être dotée d’une expertise en matière d’enquêtes judiciaires et médicolégales, et mener des enquêtes approfondies en vue d’établir les responsabilités pour les crimes les plus graves.

Je vous remercie.