Des soldats burundais à nouveau soupçonnés d'abus sexuels en RCA
Sécurité

RFI, 09-07-2016

Les soldats burundais à nouveau pointés du doigt dans une affaire d'abus sexuels en Centrafrique. Jeudi, le porte-parole de l'ONU a annoncé que les Casques bleus impliqués dans deux nouveaux cas d'agressions sexuelles présumées commises en mai sur des mineurs appartenaient au contingent burundais de la Minusca.

Ces nouveaux cas se seraient produits dans la région de Kemo, où des abus auraient déjà été commis par des soldats de maintien de la paix.

C'est une nouvelle embarrassante pour le Burundi, car ses soldats sont déjà mis en cause pour des affaires similaires dans la même région. En effet, depuis le mois de mars, une dizaine d'enquêteurs du Bureau des affaires internes de l'ONU parcourent la zone de Kemo.

Ils travaillent sur des cas d'abus sexuels datant de 2015, 2014 et même 2013 commis par des Casques bleus de la Minusca, des soldats français de Sangaris et de l'ancienne opération africaine Misca.

Le principe veut que ce soit aux pays contributeurs de troupes de mener les investigations. Une équipe d'enquêteurs burundais, mais également gabonais, eux aussi mis en cause, sont également sur le terrain.

Manque de preuves

« Nous manquons de preuves médicales, judiciaires et physiques. L'opération est sans précédent et très complexe », regrette un représentant onusien qui explique que la zone est très isolée, sans infrastructure.

Au total, 106 victimes présumées ont été interrogées. Une cinquantaine de témoins sont en train d'être entendus. Un manager vient d'être dépêché pour passer les dossiers en revue. Autant dire que les conclusions ne seront pas données avant au moins plusieurs semaines.

Ce sera ensuite aux différents pays de lancer d'éventuelles poursuites judiciaires. L'ONU pourra choisir de refuser ou rapatrier les troupes des Etats concernés. « Nous l'avons fait avec le Congo. L'Egypte a déjà condamné un de ses soldats. Certains Etats acceptent des tests ADN. Ce n'est pas assez, mais les choses avancent », explique une source onusienne.

Réaction du gouvernement burundais

Une mesure que conteste Martin Nivyabandi, le ministre burundais des Droits de l'homme. « Le gouvernement burundais est très clair : il s’est engagé à sévir contre toutes violations de droits de l’homme, y compris les abus sexuels. Si on nous donne des preuves, si on nous dit que tel ou tel est responsable je vous garantis qu’il sera puni conformément à la loi et très sévèrement. Mais ce que nous évitons de faire, c’est de diaboliser tout un corps ou agir sur des soupçons. Vous ne pouvez pas collectivement punir tout un contingent. S’il y a des responsabilités, il faut les établir, décliner l’identité de la personne qui est coupable et la punir. Mais dire que vous allez punir collectivement tout un corps, ça devient une négation de son droit de participer à ces missions de la paix. »

Le ministre assure que le gouvernement « est en train de suivre le dossier ». « Et au moment opportun, on pourra vous donner une réponse qui soit la plus correcte possible », fait-il savoir.