Sommet de l'UA : le Malawi succède à Kadhafi et prend la présidence
Afrique

@rib News, 01/02/2010 - Source AFP

Bingu wa MutharikaLe président du Malawi a pris dimanche la présidence tournante de l'Union africaine (UA), succédant au controversé dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, dont l'action à la tête de l'institution était critiquée notamment par les pays d'Afrique australe et de l'Est.

"Mon frère le président de la République du Malawi, Bingu wa Mutharika, va me remplacer et prendre le relais" à la tête de l'UA, a déclaré M. Kadhafi, selon la traduction officielle de ses propos tenus en arabe.

L'annonce a eu lieu après une réunion d'environ une demi-heure à huis clos entre les chefs d'Etat et de gouvernement des 53 Etats membres de l'UA.

"J'accepte cette responsabilité avec humilité", a réagi M. Mutharika, 76 ans, remerciant les pays d'Afrique australe pour "leur soutien unanime et inconditionnel".

"L'Afrique n'est pas un continent pauvre, mais les populations africaines le sont alors que nous avons beaucoup de ressources naturelles", a-t-il insisté.

"Nous avons des scientifiques, des ingénieurs, des artistes, des champions sportifs qui sont maintenant dans les pays occidentaux et contribuent au développement de ces pays", a-t-il regretté.

Le nouveau président de l'UA a appelé ses pairs à "plus d'actions": "il faut aller au-delà des décisions, résolutions et déclarations et commencer à agir, le temps est venu de développer l'Afrique".

Avant le sommet, le colonel Kadhafi avait laissé entendre qu'il souhaitait rester à son poste pour finalement y renoncer dimanche, manifestement dépité. Des poids-lourds du continent tels que l'Afrique du Sud, l'Ethiopie et l'Ouganda s'était opposés à l'idée d'un second mandat pour le dirigeant libyen tandis que plusieurs pays, notamment sahéliens et ouest-africains, soutenaient son éventuelle candidature.

Dans son discours, il n'a pas mâché ses mots envers l'organisation africaine, en affirmant que "le président de l'UA n'a aucune prérogative".

"Si nous avons une seule voix africaine, une seule politique étrangère dans les forums internationaux, alors nous serons entendus. Si nous ne nous unissons pas, nous serons encore une fois colonisés", a-t-il averti, plaidant de nouveau pour une plus grande intégration de l'Afrique.

"Je n'ai besoin d'aucun titre, je resterai sur le front pour la lutte en faveur de l'UA", a-t-il annoncé.

Le sommet s'était ouvert dimanche matin à Addis Abeba, siège de l'UA, sur un hommage aux victimes du séisme de Haïti, où un puissant séisme a tué 170.000 personnes environ et dévasté la capitale et ses environs, faisant plus d'un million de déplacés, le 12 janvier.

"Ce qui arrive en Haïti est une tragédie qui transcende les frontières. L'Afrique étant la terre d'origine de ces populations haïtiennes meurtries, elle est au premier chef concernée", a déclaré le président de la commission de l'UA Jean Ping.

Il a évoqué la dette de l'Afrique vis-à-vis de Haïti, "première République noire du monde en 1804, qui a porté le flambeau de l'émancipation du peuple noir et a payé un lourd tribut pour cela".

Le 14e sommet de l'UA, qui s'achève mardi, doit s'atteler lundi à passer en revue les questions du moment: l'avenir du Soudan un an avant le référendum sur l'indépendance du Sud, la guerre civile en Somalie, la situation dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et le régime de transition en Guinée un an après le coup d'Etat militaire.

Plusieurs de ces conflits sont marqués par le recours au viol comme arme de guerre. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a annoncé que la Suédoise Margot Wallström, commissaire européenne sortante, deviendrait sa représentante spéciale pour l'éradication des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants dans les situations de conflits.