Le Burundi s'éclipse aux Nations unies
Droits de l'Homme

La Presse, 29 juillet 2016

 Le Burundi a causé la surprise aujourd'hui à Genève en ne se présentant pas aux audiences du Comité contre la torture des Nations unies, où il était attendu pour une deuxième et dernière journée.

« Apparemment, c'est sans précédent », a confié à La PresseCarina Tertsakian, responsable du Burundi à l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch qui est sur place.

« Il y a déjà eu quelques cas où des gouvernements [convoqués] ne se sont pas du tout présentés, a-t-elle expliqué, mais là ce n'est pas le cas pour le Burundi car hier, la délégation burundaise était présente. »

La délégation burundaise, menée par la ministre de la Justice Aimée Laurentine Kanyana, avait essuyé hier des « questions dures, très précises, très pointues » de la part des membres du Comité, selon Mme Tertsakian, qui a qualifié la séance de « très musclée ».

Dans une lettre lue par le secrétaire du Comité, Patrice Gillibert, la délégation burundaise a expliqué son absence notamment par le fait que le Comité avait soulevé des questions qui n'avaient « pas été soumises à l'avance » et qu'elle avait « besoin de temps pour apporter des réponses et des preuves », qualifiant l'exercice de « contre-productif ».

Le porte-parole du président du Burundi, Willy Nyamitwe, qui se trouve en ce moment au Québec, a indiqué à La Presse être « en contact » avec la délégation burundaise à Genève et affirmé qu'il réagirait plus tard.

Bujumbura comparaissait depuis hier devant le Comité contre la torture des Nations unies dans le cadre d'un examen spécial, une mesure rare. « Le Comité n'a utilisé cette procédure qu'à deux reprises par le passé - pour Israël en 1997 et pour la Syrie en 2012 », a expliqué l'organisation dans un communiqué, précisant y avoir recours en raison « d'informations sur la détérioration de la situation des droits de l'homme dans le pays. »

JEAN-THOMAS LÉVEILLÉ