Burundi : Mise en garde contre l'utilisation "erronée" des pesticides sur la tomate
Economie

@rib News, 20/08/2016 – Source Xinhua

Un expert burundais a mis en garde contre l'utilisation "erronée" de certains pesticides dans la culture de la tomate à travers le pays. Il s'agit de Dithane M45 et Ridomil, pesticides contre des maladies "foliaires" qui affectent les champs de tomates et parfois les cultures de pommes de terre.

Des paysans burundais ont pris une mauvaise habitude d'utiliser ces pesticides sur des tomates déjà récoltées, se trouvant dans les paniers et prêtes à être écoulées dans le marché, a affirmé M. Evariste Nkubaye, spécialiste en entomologie à l'Institut des sciences agronomiques du Burundi(ISABU), dans une interview accordée samedi à Xinhua.

"Cette pratique est à bannir, car, là où le bât blesse, la pulvérisation des tomates déjà récoltées avec les pesticides Dithane et Ridomil par des paysans agriculteurs est faite au Burundi, en ne respectant pas le délai d'attente de 15 jours devant séparant le dernier traitement dans les champs et la récolte-consommation des tomates", a-t-il fait remarquer.

Selon l'expert, la pulvérisation de ces pesticides sur des tomates déjà récoltées "avant que celles-ci ne se désagrègent" présente pour les consommateurs potentiels le risque d'intoxication alimentaire, soit aiguë ou chronique.

Il a expliqué que par intoxication aiguë, les personnes qui consomment des tomates pulvérisées avec ces pesticides après la récolte s'exposent probablement à la mort.

"Ce qui est plus grave ici, c'est que les pesticides Dithane et Ridomil sont des produits difficilement solubles dans l'eau, ce qui signifie que si on lave la tomate pulvérisée avec de l'eau plate, la poudre jaunâtre se trouvant sur la tomate disparaît sans que l'ingrédient biologique se trouvant là-dessus soit détruit. Cela signifie que le produit en question garde entièrement sa capacité de nuisance", a-t-il souligné.

Pour leur part, dans les différents marchés implantés dans la mairie de Bujumbura, les agriculteurs se défendent, affirmant que la pulvérisation des tomates après récolte vise à éviter que celles-ci, une fois non vendues rapidement, ne pourrissent rapidement.

A leurs yeux, la peau des tomates pulvérisées durcit, ce qui permet une bonne conservation.

Selon M. Nkubaye, l'utilisation "errornée" de ces pesticides est soulevée par les experts depuis plus de cinq ans au Burundi.

Parmi les pistes de solutions, M. Nkubaye a plaidé pour des actions en amont à titre préventif, notamment sous forme de formation "intensive" des agriculteurs via un encadrement coordonné par les moniteurs agricoles.

Les séances de sensibilisation à l'endroit des agriculteurs, a-t-il ajouté, devraient se focaliser sur les dangers d'une utilisation erronée des pesticides.

M. Nkubaye a aussi conseillé aux consommateurs de "laver la tomate avec de l'eau savonneuse", pour diminuer les risques d'intoxication alimentaire.