Burundi : Iwacu rend hommage au journaliste disparu Jean Bigirimana
Droits de l'Homme

Jeune Afrique, 25 août 2016

 Après une semaine avec un site web entièrement noir, sans y publier aucune information, le Groupe de presse Iwacu vient de boucler une semaine de deuil pour le journaliste Jean Bigirimana.

Des journalistes en noir, effigie de Jean sur leurs T-shirts, l’angoisse et la douleur sont perceptibles à l’entrée de la rédaction du Groupe de presse Iwacu qui clôturait, jeudi 25 août, sa semaine de deuil pour Jean Bigirimana, disparu le 22 juillet. [Photo : Cérémonie d'hommage à Jean Bigirimana au groupe de presse burundais Iwacu, jeudi 25 août. © Iwacu / DR]

Derrière un grand portrait en noir-blanc de Jean, au milieu des confrères qui se tiennent tous par la mai, devant des regards qui peinent à retenir leurs larmes, des visages angoissés et en face des caméras et micros des quelques médias encore en activité, Léandre Sikuyavuga, rédacteur en chef d’Iwacu, lit le message d’Antoine Kaburahe, directeur des Publications, pour rendre hommage au disparu. « En fait, et c’est grave, on t’a reproché d’exister puisqu’on t’a fait disparaître. Car si on t’avait reproché d’autres méfaits, on t’aurait mis en accusation ».

Un message plein d’émotion, mais qui invite aussi les journalistes à garder courage : « Tu nous vois les yeux secs, mais nous avons les cœurs lourds. Nous ne voulons pas pleurer, car ils auront gagné. Et dans la tradition, ‘Les larmes d’un vrai homme coulent à l’intérieur’. Nous n’avons pas le temps de haïr et nous allons continuer le travail. Si nous arrêtons, ils auront gagné. »

Mauvais pressentiment

Eddy est cameraman d’Iwacu. Il a participé à toutes les descentes pour tenter de retrouver son confrère et dit n’avoir pas de mots justes pour exprimer son désespoir: « À vrai dire je n’ai pas d’espoir de retrouver Jean. Un mois sans signe de vie c’est trop ». Un mauvais pressentiment qu’il partage avec la plupart de ses collègues.

Iwacu a, de son côté, déjà porté plainte contre « X ». Une procédure judiciaire souvent utilisée quand l’identité de l’auteur d’une infraction est inconnue. Et pour porter sa voix le plus loin possible, l’hebdomadaire a décidé de sortir une édition spéciale sur les péripéties et les mystères qui entourent la disparition de Jean Bigirimana, ce vendredi 26 août, qui sera gratuite, d’après, Léandre Sikuyavuga, son rédacteur en chef.

Armel Gilbert Bukeyeneza