Burundi : 16 ans après sa signature, l'Accord d'Arusha est dans la tournante
Politique

PANA, 28 août 2016

16ème anniversaire d’un accord sur la paix et la réconciliation en perte de vitesse au Burundi

Bujumbura, Burundi - Le 28 août 2000, à Arusha, en Tanzanie, un groupe de sept partis politiques d’obédience Hutu (G7, majoritaire) et un autre de dix partis politiques à dominante Tutsi (G10, minoritaire) signaient un accord de fin d’une décennie de guerre civile à caractère ethnique, sous la médiation de l’ancien chef de l’Etat sud-africain et icône mondiale de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela.

Les Nations unies, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), l’Initiative régionale de paix pour le Burundi, mais aussi l’ancien président des Etats-unis d’Amérique, en personne, Bill Clinton, s’étaient fortement impliqués dans la négociation de l’Accord d’Arusha auquel la Communauté internationale attache aujourd’hui encore une importance capitale pour la stabilité d’un pays à la fragilité chronique.

L'Accord d'Arusha a été pris dans la tournante de la nouvelle grave crise politique née, fin avril 2015, d'un conflit électoral mal résolu entre le pouvoir et l"opposition.

Le Conseil national pour la défense de la démocratie/Forces de défense de la démocratie (Cndd-Fdd, ancienne rébellion armée actuellement au pouvoir) n'est pas signataire de l'Accord d'Arusha, mais de celui de 2003 sur le cessez-le-feu global avec le régime militaire de l'époque de la guerre civile.

En 2015, le Cndd-Fdd a été rattrapé par l'Accord d'Arusha dont l'une des dispositions pertinentes lui interdisait formellement de rempiler pour un troisième mandat consécutif à la tête du pays.

En retour, le Cndd-Fdd a enclenché un débat populaire depuis le début de cette année et la tendance générale va dans le sens de donner la primauté du droit à la Constitution dans la gestion démocratique des affaires du pays, en lieu et place de simples « arrangements politiques » de partage du pouvoir tels que prévus par Arusha dans des proportions de 60%, pour le Hutu et 40%, pour les Tutsi.

Le débat est encore ouvert pour le reste de l’année et la « grande majorité des Burundais » déjà consultés trouve que l'Accord d'Arusha a fait son temps, à en croire Mgr Justin Nzosaba, qui présentait en début de cette semaine, le rapport d’étape du dialogue politique national sur les questions de l’heure au Burundi.

Le chef de l’Etat a pris « bonne note » de ce désir des Burundais et celui de supprimer la disposition qui limite le nombre de mandats présidentiels au niveau de l'Accord d'Arusha.

Dans le fond, en limitant strictement à deux, le nombre de mandats présidentiels, les négociateurs d’Arusha entendaient régler durablement le problème de l’usure qui donne lieu à des abus de pouvoir.

La limitation du nombre de mandats présidentiels ne doit être que l’émanation de la volonté du peuple, recommande le débat national qui se déroule néanmoins en l’absence des ténors de l’opposition ayant été contraints à l’exil par la nouvelle crise au Burundi.