Canada : Inquiétudes de Burundais face à l’enrôlement comme électeurs
Diaspora

@rib News, 07/02/2010

Tharcisse Sibomana

292 Arthur-Quesnel

Gatineau (Québec)

J9H 7T9

Gatineau, le 07 février 2010

A Madame Justine Semonde

Chargée d’Affaire

Ambassade du Burundi au Canada

325 Dalhousie, suite 815

Objet : Élections 2010

Madame,

Je viens de prendre connaissance du communiqué que vous venez d’envoyer aux ressortissants burundais du Canada et qui est relatif à l’enrôlement des électeurs à l’étranger fixé du 1er au 15 février 2010.

Permettez-moi d’exprimer mes inquiétudes face aux dispositions de cet enrôlement.

1. Selon votre correspondance, vous dites que l’enregistrement se fera uniquement à Ottawa et à Toronto. On se demande comment, une telle disposition pourrait être applicable au Canada et avoir de meilleurs résultats. En effet, comment un Burundais résidant par exemple à Vancouver pourrait-il se déplacer pour venir se faire enregistrer à Ottawa ou Toronto en faisant la même distance que s’il se rendait en Europe? N’est-ce pas une façon d’empêcher les gens qui sont éloignés de ces deux endroits d’exercer leur droit de vote. Pourquoi ne feriez-vous pas une décentralisation en installant des bureaux d’enregistrement, et plus tard des bureaux de vote, à travers tout le Canada et à tout endroit regroupant une concentration des Burundais?

2. De plus, les documents exigés pour se faire enrôler constituent un autre sérieux problème. Vous n’ignorez pas les raisons pour lesquelles une grande partie des Burundais sont arrives ici ces dernières années. Ils ne sont pas venus pour des nominations quelconques au Canada, la plupart fuyaient l’insécurité qui régnait dans leur pays. Ils n’ont pas eu le temps de fuir avec des passeports, des laissez-passer tenant lieu de passeport, etc. L’important pour eux était de sauver leur vie avant toute autre chose. Leur exiger ces documents alors qu’on sait qu’un grand nombre n’en a pas est encore une fois une façon de leur priver leur droit de vote. Pourquoi vous ne pourriez pas utiliser le registre des élections de 2005 qui pourrait tout simplement subir de légères modifications pour l’actualiser ?

3. Pour résoudre ces différents problèmes, je suggérerais que l`activité d’inscription soit décentralisée autant que l`acte de vote lui-même. Comme le temps qui nous reste est très court, l`Ambassade devrait accepter de collaborer avec les organismes communautaires burundais reconnus par la loi fédérale ou provinciale, les partis politiques burundais qui ont des représentations au Canada afin qu’ils puissent aider dans l’inscription des électeurs dans l’immédiat, l’organisation et la supervision des bureaux de vote au moment opportun.

4. Par ailleurs, l’Ambassade pourrait aussi accepter que les électeurs se fassent inscrire par téléphone, tout en fournissant les numéros des pièces exigés ou d’autres preuves tangibles, quitte à les présenter aux superviseurs des élections le jour du vote.

Tout en vous souhaitant bonne réception de ces quelques idées que j’avais à vous soumettre afin que les élections puissent se préparer et se dérouler normalement pour éviter le recul de la démocratie, veuillez agréer, Madame La Chargée d’Affaire, l’expression de mes salutations distinguées.

Tharcisse Sibomana