Burundi : 19% des Burundais vivent en phase humanitaire de "crise alimentaire"
Economie

@rib News, 14/10/2016 – Source Xinhua

19% des Burundais (environ 1.460.000 personnes) vivent actuellement en phase humanitaire de "crise alimentaire", a indiqué Gilbert Nsengiyumva, expert en charge de la sécurité alimentaire au sein de la représentation de l'Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) au Burundi.

Dans une interview accordée jeudi à Xinhua dans l'attente de la commémoration de la journée internationale de l'alimentation du 16 octobre (édition 2016), M. Nsengiyumva a précisé que ces récentes statistiques, ne concernent que cette situation frappant une frange importante de la population burundaise, ne concerne que la période allant de début juillet à septembre dernier.

Le fossé de l'insécurité alimentaire risque de se renforcer durant le dernier trimestre 2016 (octobre-décembre2016), a-t-il prévenu, en se basant sur les projections pour cette période, sous analyse par une équipe des enquêteurs relevant du ministère burundais de l'Agriculture et de l'Elevage et des organisations internationales directement intéressés, à savoir la FAO, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) et Action Contre la Faim (ACF).

"L'augmentation croissante de la densité démographique dans des proportions largement supérieures à celle de la production agricole, la hausse des prix des produits alimentaires de base, le déficit hydrique inhérent aux caprices climatiques ainsi que la limitation des échanges commerciaux et mouvements transfrontaliers avec les pays limitrophes dont la Tanzanie, sont au cœur des causes de cette insécurité alimentaire récurrente au fur des années au Burundi", a-t-il expliqué.

Pour lui, la crise politico-sécuritaire burundaise prévalant dans le pays depuis avril 2015, a pesé "fortement" dans la balance en ce qui concerne la flambée des prix des produits alimentaires dans certaines régions.

Il a fait remarquer que les quelques stratégies d'adaptation et de survie, développées par les communautés paysannes rurales face à la persistance de l'insécurité alimentaire dans le pays, "ne peuvent incarner en aucun cas", des solutions durables pour une sortie de crise au plan alimentaire au Burundi.

L'agriculture burundaise, qui incarne une économie de type familiale et qui nourrit une immense majorité de la population burundaise (près de 90%), "aura aussi été longtemps mise à mal par les longues années de guerre civile" qu'a connues le Burundi après le recouvrement de son indépendance en juillet 1962.

Là où le bât blesse, a-t-il souligné, c'est qu'aujourd'hui, les aléas climatiques "s'en mêlent et laissent ainsi les producteurs agricoles dans des situations d'impasse perpétuelle".