Pas de rotation pour les soldats burundais de l'Amisom
Sécurité

RFI, 20 octobre 2016

Burundi, en crise depuis plus d'un an et demi, est sous sanctions européennes depuis le mois de mars pour de multiples violations des droits de l'homme et un refus de négocier avec son opposition.

Après avoir décidé de reconduire ses sanctions faute de progrès dans ce pays d'Afrique des Grands Lacs, l'Union européenne a décidé de durcir ses sanctions financières. Bruxelles, qui finance la quasi-totalité de l'Amisom, la force de l'UA en Somalie, a décidé qu'elle ne veut plus faire passer les salaires des 5 500 soldats burundais engagés au sein de cette mission par les caisses de l'Etat.

Et en attendant que cela soit effectif, elle a décidé de bloquer les salaires de tous les soldats engagés en Somalie ; de quoi faire pression sur une UA plutôt réticente à s'engager sur cette voie.

Hasard du calendrier ou pas, un document annonçant un report de la rotation de trois bataillons burundais déployés au sein de l'Amisom, soit près de la moitié des troupes, circule depuis mardi 18 octobre sur les réseaux sociaux. Le porte-parole du ministère de la Défense et de l'armée burundaise l'a confirmé à RFI.

Mais pour le colonel Gaspard Baratuza, « c'est tout à fait normal car c'est déjà arrivé à plusieurs reprises ». Quant à la question de savoir si cette soudaine décision est liée à celle de l'Union européenne de ne plus faire transiter les salaires des soldats burundais par les caisses de Bujumbura, « cela n'est pas notre affaire », a rétorqué l'officier burundais.

L'Union africaine prise entre le marteau et l'enclume

C'est ce qu’assurent pourtant des sources de l'Union africaine. Bruxelles vient de débourser les arriérés de salaires de tous les soldats engagés dans la force africaine, mais uniquement jusqu'au 16 mars 2016. C’est la date à laquelle elle a pris des sanctions contre le Burundi. Et elle subordonne désormais le déboursement du reste des fonds à une solution qui permette de payer directement les soldats de ce pays.

Coincée entre la décision de l'UE et son accord avec le Burundi, l'Union africaine est prise entre le marteau et l'enclume. Elle aurait donc décidé de ne pas déployer de troupes fraîches burundaises avant que le commissaire paix et sécurité ne se rende sur place pour discuter avec les autorités burundaises. Et trouver une réponse à ce casse-tête chinois.

Mais celui-ci est prévenu : « Nous attendons de l'Union africaine que notre mémorandum d'entente soit totalement respecté », selon le ministère burundais de la Défense.