Une réforme fait craindre un nouveau tour de vis pour la presse burundaise
Droits de l'Homme

RFI, 26 octobre 2016

Au Burundi, le président du Conseil national de la communication, l’organe chargé de la régulation des médias, annonce qu’une réforme de la loi régissant la presse est à l’étude. Une nouvelle qui suscite l’inquiétude, d’autant que les arrestations et disparitions de journalistes se poursuivent dans le pays et que les autorités viennent de prendre de nouvelles mesures restrictives contre la presse. Ce lundi, une émission de radio a été suspendue un mois pour avoir diffusé une chanson aux paroles engagées.

« Agateka Kabamenyesha-Makuru », « les droits des journalistes » en kirundi. C’est pour avoir diffusé cette chanson dénonçant les atteintes à la liberté de la presse qu’une émission participative est interdite d’antenne pendant un mois. La décision vient du Conseil national de la communication (CNC), dont le président est nommé par le chef de l’Etat.

Pour un mois également, la radio commerciale Buja FM est « mise en demeure », officiellement en raison d’un problème d’appellation. Mais, souligne un observateur, elle appartient à un groupe de presse rwandais. Cet été, l’un de ses journalistes a été détenu par le service national de renseignement et interrogé pendant une semaine sur ses liens avec le pays.

Suite à l’arrestation de deux journalistes ce week-end, le CNC rappelle qu’il est dorénavant obligatoire de s’enregistrer auprès de lui pour pouvoir travailler. Une nouvelle forme de contrôle, selon de nombreux confrères.

Ce n’est pas le seul sujet d’inquiétude : mardi, le président du CNC a annoncé que la loi sur les médias serait amendée prochainement.

En 2013, les journalistes s’étaient mobilisés contre une loi sur la presse jugée liberticide. Jusqu’à obtenir gain de cause. Mais après un an et demi de crise, la majorité a été contrainte à l’exil. Et l’Union des journalistes burundais vient d’être suspendue par le ministère de l’Intérieur.

Le président du CNC n’était pas joignable mardi pour répondre à nos questions.

L’Union burundaise des journalistes n’est pas la seule association à avoir été suspendue par le ministère burundais de l’Intérieur : SOS-torture Burundi, la Coalition burundaise pour la CPI, la Coalition de la société civile pour le monitoring électoral et enfin la ligue Iteka ont aussi fait l’objet d’une suspension. Cette dernière est l’organisation déférente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme. Une décision « inacceptable » selon la FIDH.

Selon le ministère de l’Intérieur, leurs activités sont de nature à « perturber l’ordre et la sûreté de l’Etat ». La semaine dernière, le ministère de l’Intérieur avait déjà radié cinq ONG de défense des droits de l'homme de la liste des associations sans but lucratif (ASBL).