Disparition de Jean Bigirimana : action de RSF à l'ambassade du Burundi à Paris
Droits de l'Homme

RFI, 29-10-2016

 Cela fait 100 jours que le journaliste burundais Jean Bigirimana a disparu alors qu'il était dans le centre du pays pour un reportage du journal indépendant Iwacu.

Reporters sans frontière a voulu marquer ce triste anniversaire en allant déposer à l'ambassade du Burundi à Paris une pétition qui a recueilli plus de 11000 signatures et qui demande l'ouverture d'une enquête indépendante sur cette disparition, survenue selon des témoins après son arrestation par les services secrets burundais. Ce que la police a toujours nié. Vendredi matin 28 octobre, l'organisation avait préparé une opération spectaculaire.

Reporters sans frontière (RSF) avait bien préparé son coup. Une vingtaine de membres scandent « Où est Jean ? Où est Jean ? » sous les fenêtres de l'ambassade du Burundi à Paris et, au même moment, un camion-benne déverse littéralement sur le pas de la porte plus de 11 000 enveloppes symbolisant les signatures recueillies par la pétition. Mais rien à faire, cette porte reste bien close. 

« Malheureusement ils ne nous ont pas ouvert. Ils sont aux fenêtres, ils nous filment, mais on a quand même pu mettre les 250 feuilles qui représentent les plus de 11 000 signatures de la pétition dans une boîte aux lettres », rapporte Cléa Kahn-Sriber, responsable de la division Afrique de RSF.  

« On est venu déposer une pétition de plus de 11 000 signatures pour demander une enquête indépendante, savoir où est le journaliste Jean Bigirimana aujourd'hui, commente-t-elle. Ça fait cent jours qu'il a disparu au Burundi et on demande aux autorités de tout faire pour faire la lumière sur son sort. Rien n'a été fait, aucune enquête n'a été ouverte alors qu'il a été vu pour la dernière fois aux mains des services burundais. »

Les membres de Reporters sans frontière ont insisté pendant une trentaine de minutes, toujours sans succès. « Bonjour, vous avez du courrier ! Monsieur ! »

Entre-temps, un petit attroupement s'est formé. A l'exemple de ce monsieur, emmitouflé dans son gros manteau bleu, et qui dit comprendre ce combat. « Ce qu’ils font me touche beaucoup. C’est ce qu’il faut leur faire pour qu’ils comprennent que diriger ce n’est pas toujours détruire, mais c’est pour faire grandir le peuple », estime-t-il.

Mais alors que les responsables de RSF repartaient sans avoir pu remettre en mains propres la pétition qui demande une enquête indépendante sur la disparition du journaliste Jean Bigirimana, un diplomate burundais est arrivé. Il a pris la pétition et s'est engouffré sans un mot dans l'ambassade du Burundi à Paris. « On est content, on espère que c’est seulement un premier pas pour que justice soit rendue pour qu’on sache ce qui est arrivé à Jean et qu’une enquête soit ouverte », réagit-elle. 

Les membres de RSF sont donc repartis satisfaits, même s'ils sont conscients de la chape de plomb qui s'est abattue sur la presse libre du Burundi depuis le début de la crise dans ce pays.