Afrique du Sud : le rapport qui pourrait destituer Jacob Zuma
Afrique

BBC Afrique, 2 novembre 2016

Afrique du Sud : des "crimes" de corruption

Un rapport de l'ex-médiatrice sud-africaine fait état de "preuves évidentes de crimes de corruption" au sommet de l'Etat.

Le document constate une "relation inappropriée" du chef de l'Etat, Jacob Zuma, avec une riche famille d'hommes d'affaires sud-africains d'origine indienne.

Ces derniers auraient influencé M. Zuma en l'amenant à faire entrer deux personnes dans son gouvernement, le ministre des Mines, Mosebenzi Zwane, et celui chargé de la Gouvernance, Des Van Rooyen.

"Il semble que des crimes ont été commis", indique le rapport de l'ex-médiatrice de la République, Thuli Madonsela, remplacée récemment par Busisiwe Mkhwebane, chargée maintenant de veiller sur les deniers de l'Etat.

Le document appelle le parquet et la police à enquêter sur de possibles "crimes" de corruption commis au sommet de l'Etat.

Il exige la création dans 30 jours au plus tard, par le chef de l'Etat, d'une commission d'enquête sur les faits de corruption présumés, dont l'un concerne la société minière Tegeta.Duduzane Zuma, un fils du président sud-africain, fait partie des propriétaires de cette entreprise.

Quelques heures avant la sortie du rapport, Jacob Zuma a fait retirer le recours qu'il avait introduit auprès des autorités judiciaires pour en empêcher la publication.

"J'ai reçu l'instruction de retirer le recours", a déclaré Anthea Platt, l'avocate de M. Zuma, à l'ouverture d'une audience judiciaire, mercredi, à Pretoria.

Elle n'a pas donné de précisions sur les raisons du retrait du recours.

Par ailleurs, la police sud-africaine a tiré des grenades assourdissantes pour disperser des militants de l'opposition réunis mercredi devant les bureaux du président Zuma, à Pretoria, pour exiger sa démission.


 

Afrique du Sud-Marche d'opposition contre Zuma à Pretoria

Reuters, 02/11/2016

Des membres de partis d'opposition, des militants des droits civiques, des syndicalistes et des entrepreneurs ont pris part mercredi dans la capitale politique de l'Afrique du Sud, Pretoria, à une manifestation contre le président Jacob Zuma, éclaboussé par une série de scandales.

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en divers points de la ville, où se trouve le siège du gouvernement. D'autres se sont retrouvées aux abords du tribunal qui devait examiner ce même jour la demande du chef de l'Etat de report de la publication d'un rapport sur les accusations d'influence sur la politique de ses amis fortunés de la famille Gupta.

L'avocat du président Zuma a annoncé devant ce tribunal, sans en donner la raison, que le chef de l'Etat retirait sa demande de report de la publication du rapport. Celle-ci a été suspendue le 14 octobre à la suite d'une demande en ce sens du président Zuma devant la Haute Cour.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, Jacob Zuma, âgé de 74 ans, a réussi à survivre presque sans égratignure à une série d'affaires de corruption, avec le soutien des échelons supérieurs du Congrès national africain (ANC, au pouvoir).

"Les Sud-Africains doivent se dresser contre l'anarchie de Zuma", a déclaré le parti d'extrême gauche EFF (Economic Freedom Fighters), qui avait appelé à des marches contre le chef de l'Etat.

"Nos partisans diront haut et fort que nous refusons de voir notre démocratie, conquise de haute lutte, mise à mal par Jacob Zuma", a dit pour sa part le parti d'opposition Alliance démocratique.