Burundi : silence radio du pouvoir sur le sort du colonel Désiré Uwamahoro
Sécurité

RFI, 05-11-2016

Burundi : pourquoi le chef de la brigade anti-émeutes a-t-il été arrêté ?

Où est passé le colonel Désiré Uwamahoro ?

Cet officier burundais à la tête de la brigade anti-émeutes, une unité d'élite formée de fidèles du pouvoir triés sur le volet pour mater la contestation au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, est détenu depuis samedi dernier dans les bureaux du Service national de renseignement pour une tentative d'escroquerie liée à un trafic d'or pour une valeur qui serait comprise entre 2,5 et 10 millions de dollars, selon les sources. [Photo : Des policiers de la brigade anti-émeutes que dirigeait Désiré Uwamahoro.]

Officiellement, c'est le silence radio sur le sujet, les médias burundais n'osent pas en parler de peur de représailles, selon des journalistes. Ses victimes, elles, sont des négociants en provenance de Dubaï, au Moyen-Orient, une des places fortes pour le commerce de l'or.

Ces négociants d'origine jordanienne ont atterri à bord de leur jet privé sur la piste de l'aéroport international de Bujumbura samedi. En toute confiance, car ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient affaire avec le colonel Désiré Uwamahoro, à la tête de la brigade anti-émeutes qui joue un rôle central dans la répression en cours au Burundi.

Ce jeune colonel aux allures de Rambo avec ses revolvers qui pendent sur ses hanches s'est présenté à bord, il leur aurait soutiré une avance de 200 000 dollars pour prouver leur bonne foi à un groupe de Congolais en possession de la cargaison d'or qu'ils venaient acheter.

Mais il s'agissait cette fois d'une tentative d'escroquerie. Le colonel Uwamahoro à la tête d'un peloton d'hommes fortement armés revient peu après à l'aéroport, monte à bord de l'avion et tente de s'emparer de force des millions de dollars qu'ils avaient apportés. Sans rien donner en échange.

Les choses ont failli dégénérer, assurent des témoins, mais quelqu'un téléphone entre-temps au patron du Service national de renseignement, les très redoutés services secrets burundais, qui le fait arrêter après en avoir référé au président burundais.

Désiré Uwamahoro a alors été placé dans les cachots de ses services, en plein centre-ville de Bujumbura, dans un pavillon fortement gardé. Depuis, un bras de fer s'était engagé entre ses soutiens, qui le jugent indispensable dans la chasse aux ennemis du régime burundais, et ses détracteurs, qui n'en peuvent plus de ses nombreuses bavures. Ces derniers seraient en passe de l'emporter.

Le colonel Uwamahoro a été limogé de son poste vendredi. Une ordonnance du ministre de la Sécurité publique nommant son successeur au poste de commandant de la brigade anti-émeute est parvenue à RFI ce vendredi soir.