L’amendement de la Constitution ŕ l’ordre du jour au Burundi
Politique

PANA, 17 novembre 2016

Bujumbura, Burundi - Une note du ministère de l’Intérieur et de la Formation patriotique sur la mise en place d’une commission chargée d’étudier les amendements à apporter à la Constitution nationale figurait mercredi en tête des points à l’ordre du jour d’un Conseil ordinaire du gouvernement burundais, a-t-on appris de source officielle à Bujumbura.

Un autre point important à l’ordre du jour du Conseil avait trait au projet de loi portant fixation du budget général de la République du Burundi pour l’exercice 2017.

C’est néanmoins l’amendement de la Constitution qui a focalisé plus l’attention de l’opinion, notamment à travers les réseaux sociaux partagés entre les «pour et les contre» dans une société burundaise profondément divisée par la crise politique de plus d’un an.

La loi fondamentale du pays est surtout devenue une question sensible et un enjeu politique national majeur depuis l’année dernière, quand le chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, a officialisé sa candidature pour un nouveau mandat à la tête du pays depuis 2005.

L’opposition et la Société civile ont aussitôt investi les rues, surtout à Bujumbura, la capitale politique et économique, pour décrier un «troisième mandat» jugé contraire à la Constitution et à l’Accord d’août 2000, à Arusha, en Tanzanie, sur la paix et la réconciliation nationale.

La mouvance présidentielle, quant à elle, trouvait légitime la nouvelle candidature d’un président élu au suffrage universel indirect par le Parlement lors du premier mandat de 2005 qui ne devait donc pas entrer en ligne de compte.

Le président Nkurunziza a été par la suite réélu, cette fois au suffrage universel direct par la population, successivement en 2010 et en 2015.

Des analystes politiques à Bujumbura n’excluent pas que l’actuel président soit encouragé par un éventuel amendement de la Constitution pour se représenter lors de la prochaine législature de 2020.

C’est à la mode dans la sous-région des Grands Lacs où d’autres chefs d’Etat sont déjà passés à l’action en organisant des référendums destinés à réviser les Constitutions pour conserver le pouvoir, rappellent les mêmes analystes.

Le dialogue politique intérieur de ces derniers mois au Burundi a, par ailleurs, semblé favorable à cette éventualité, en encourageant vivement la révision de la Constitution et l’abrogation de l’Accord d’Arusha, notamment au niveau des dispositions limitatives du nombre de mandats présidentiels à deux.

Le Parlement burundais, largement dominé par la mouvance présidentielle, aura le dernier mot et a déjà pris bonne note des recommandations de la commission nationale chargée d’organiser le dialogue inter-burundais, en l’absence néanmoins de l’opposition dont la plupart des ténors ont pris le large au plus fort de la crise électorale de 2015.