Kigali demande des excuses au Vatican
Afrique

Deutsche Welle, 25.11.2016

 "Inadéquates", c'est ainsi que le gouvernement rwandais a qualifié les excuses présentées par l'Eglise rwandaise au sujet du rôle joué par certains catholiques lors du génocide. Kigali interpelle le Vatican.

Dimanche, une lettre d'excuses signée par les évêques de neuf diocèses avait été lue dans certaines églises du pays. D'autres n'ont pas diffusé le message à cause, disent-elles, des cérémonies du sacrement de Confirmation. [Photo : Des évêques rwandais en pèlerinage à Kibeho le 15 septembre 2016]

 

"Nous avons fait un communiqué où nous demandions pardon pour les catholiques qui étaient impliqués d'une façon ou d'une autre dans le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994", explique le porte-parole de la commission épiscopale l'évêque Philippe Lukamba.

Le gouvernement de Kigali soutient pour sa part que les excuses des 9 diocèses du Rwanda permettent uniquement de mettre en lumière la distance qui sépare l'Église catholique d'une reconnaissance complète de ses responsabilités morales et légales. Pour lui, les prélats n'ont pas fait leur mea culpa. Pour la commission épiscopale, il faut continuer à dialoguer avec le gouvernement. "Apparemment, le gouvernement n'est pas tout à fait de notre avis. Le Vatican a sa façon de travailler. Il y a encore tout un dialogue qui doit se faire", dit Philippe Lukamba.

Progrès incomplet

Pour Maître Laurent Nkongoli, activiste des droits de l´homme, cette déclaration est un premier pas décisif mais pas encore suffisant : "Je ne dirais pas que c'est une déclaration inadéquate. Je dirais que c'est une déclaration incomplète, à approfondir. On ne peut pas s'arrêter là. (...) C'est la première fois qu'il y a quelque chose de très officiel de ce genre là. Même s'il y a certaines paroisses où ce communiqué aux fidèles ce qui montre qu'il y a encore des problèmes (...) L'important c'est de rester ouvert." 

Lieu et acteur du crime

L'Eglise catholique a été à plusieurs reprises mise en cause pour sa proximité avec le régime hutu extrémiste de l'époque et pour l'implication de prêtres et de religieux dans les massacres.

Des tueries de masses ont eu lieu sur les sites de nombreuses églises pendant le génocide. Les miliciens hutu y trouvaient leurs victimes rassemblées, parfois par des prêtres qui livraient ensuite les fidèles aux tueurs. 

Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques ont été jugés pour leur participation au génocide pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal international pour le Rwanda ou par la justice belge. Certains ont été condamnés, d'autres ont été acquittés.