Burundi : l’opposition radicale menace de récuser la médiation de Mkapa
Politique

Deutsche Welle, 08.12.2016

Mission difficile de Mkapa à Bujumbura

L'ancien président tanzanien, Benjamin Mkapa, est à Bujumbura pour tenter de relancer le dialogue inter-burundais. Un dialogue en panne depuis le deuxième round des discussions organisées en juillet, à Arusha.

C'est un déplacement du moins controversé que vient d'entamer Benjamin Mkapa. L'opposition burundaise - réunie au sein du Cnared - ne cache plus, en effet, son intention de récuser la médiation menée par l'ancien président tanzanien, qu'elle accuse d'être trop proche du président Pierre Nkurunziza. [Photo : Benjamin Mkapa a rencontré jeudi le président burundais Pierre Nkurunziza.]

Charles Nditije est l'un des membres influents de la plateforme de l'opposition en exil. Il pointe du doigt la démarche du facilitateur désigné de l'Union africaine qui n'est  pas de nature à décrisper la situation : "Ce qui est désolant et déplorable, c'est que le président Bejamin Mkapa, le facilitateur, semble donner raison à M. Nkurunziza en acceptant que le dialogue soit rapatrié à Bujumbura et surtout en cautionnant le dialogue interne qui est instrumentalisé. Donc, quelque part nous avons l'impression que le facilitateur qui a trainé le pied pendant longtemps se réveille pour consommer le dialogue interne et mettre fin au dialogue inclusif". 

Mkapa ne rassure pas l'opposition

L'opposition reproche également à Benjamin Mkapa son manque de résultats. L'ancien président tanzanien prévoit justement d'aller à la rencontre de cette opposition en exil avant d'organiser une nouvelle session de dialogue. Mais les tentatives d'assassinats ciblés d'opposants mais aussi des proches du parti au pouvoir sont loin de rassurer les parties.

Un climat d'insécurité loin donc, de favoriser un dialogue interne apaisé, insiste Agathon Rwasa, président des Forces nationales de libération (FNL) : "Si les conditions sécuritaires sont favorables pour ce dialogue tant mieux. Mais je pense que jusqu'à présent il y a bien des choses qu'il faut absolument faire pour que le gouvernement puisse créer des conditions qui donnent la confiance à tout le monde. En ce moment là, on comprendrait que le désir que le dialogue se déroule à Bujumbura soit vraiment bien fondé". 

Bujumbura n'entend pas changer...

Les autorités burundaises, elles, restent fermes sur leurs positions. Elles demandent que ce dialogue se tienne désormais dans le pays et refusent toujours de discuter avec la plate-forme d'opposition dont les leaders vivent à l'extérieur du Burundi.

C'est ce que pense Jean Claude Karerwa Ndenzako porte-parole du président Nkurunziza : "La sécurité règne sur toute l'étendue du territoire burundais. On n'assure pas la sécurité de deux ressortissants burundais seulement. Mais il y a des étrangers qui vivent au Burundi en toute quiétude. Donc, ils ne devraient pas se faire de soucis à ce propos".

Que le dialogue interburundais se tienne à Bujumbura ou à Arusha, l'objectif des consultations séparées entre protagonistes du conflit est de permettre à la facilitation africaine d'aboutir à un accord politique au plus tard en juin 2017. C'est ce qu’espère, en tout cas, la facilitation conduite par Benjamin Mkapa.