La Libre Belgique, 08 décembre 2016

Alors que des officiels burundais s'en sont pris verbalement à la Belgique à trois reprises, ces dernières semaines, l'ambassadeur du Burundi en Belgique, Jérémie Banigwaninzigo (photo), a été rappelé en consultation à Bujumbura et devait quitter notre pays ce jeudi.

Selon nos informations, c'est la tenue, le mois dernier au sénat belge, d'un colloque consacré à la crise burundaise qui serait en cause; cette crise politique, sécuritaire, économique et humanitaire est provoquée par l'obstination du président Pierre Nkurunziza à se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat, malgré l'interdiction formelle de l'Accord de paix d'Arusha qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2005).

Le porte-parole présidentiel Willy Nyamitwe avait déjà jugé, fin novembre, cette conférence "inacceptable", en tirant la curieuse "conclusion que la Belgique est toujours derrière tous les actes d'agression et de perturbation de l'ordre public" au Burundi.

Le 26 novembre, le chef du parti au pouvoir, le général Evariste Ndayishimiye, avait déclaré dans un discours public: "Nous avons ciblé notre ennemie, c'est la Belgique", l'accusant même de "préparer le génocide au Burundi".

Et le 5 décembre, le porte-parole de la police burundaise accusait le patron d'une ONG burundaise de défense des droits de l'homme "et la Belgique" d'être "les commanditaires (auteurs intellectuels)" de la tentative ratée d'assassinat, le 28 novembre, du même Willy Nyamitwe. Ce dernier est le frère du ministre burundais des Affaires étrangères, Alain Nyamitwe, qui rappelle l'ambassadeur.

Diverses sources indiquent que certains, au sein du régime de Bujumbura, sont favorables à une fermeture de l'ambassade burundaise à Bruxelles. Selon une de nos sources, l'escalade des derniers jours pourrait être un ballon d'essai. "C'est généralement comme ça qu'ils agissent".

MARIE-FRANCE CROS